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La Maison :: Dans La Maison :: Les Chambres et Dortoirs
Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification
La Maison


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification 160x6010
Messages : 263
La Rouge
La Rouge
La Maison
Jeu 19 Oct - 0:12





Event 1 - Réunification



Il y a comme un instant d'éternité, un long moment de silence dans le néant qui les a avalés, chasseur de fées, combattants de chiens, défaiseurs d’énigmes. Et infiniment loin semble-t-il, une lumière tombe.

Étoile filante à des centaines de mètre, suivis d'un hurlement. Le même ignoble cri qui enfle, et gonfle affreusement, emplis l'espace, transperce les tympans, fuse à travers les tempes.

Un astre meurt. Une ballerine céleste... ? Ainsi vient la lumière. Une explosion de lumière si intense que tous les yeux se ferment. Silencieusement, le monde explose, quand le cri s’interrompt.

Un dernier battement de cœur gargantuesque retentit dans l'air. Une dernière fois, l'espace se tord, mais ils ne peuvent pas en voir quoique ce soit, juste sentir une contraction qui existe aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur d'eux-mêmes. Un estomac vide qui se tordrait d’être éviscéré. C'est presque une asphyxie, comme de glisser à travers gosier qui se serre, un long tunnel étroit. Mais alors tout prend fin. Subitement on les lâche.

Tous.

Quand ils ouvrent les yeux, il n'y a plus de ténèbres ou même d'aveuglement. Il n'y a qu'une pièce aux murs fanés, différente, néanmoins, du salon de thé. Il n'y a que des tours de bocaux, que des paniers d'osiers fleuris, des verres renversés, des jarres et des bacs en plastique fluorescents ; des contenants joliment disposés à même le sol ou sur des étagères, ou à travers des tables.

Débordants de dents.

Tous ont sous les yeux la réserve de dents, étiquetées par années, triées par singularité (dents de pleine lune, dents de pleureuse, dents de crasseux, dents des angelots, dents cariées, dents jaunâtres, dents cassées, dents des morts).. eux bien sûr, qui ont vu la ballerine. Mais aussi tous les autres.

Chacun des présomptueux qui a donné la chasse à la Fée des ampoules...
Ainsi dégueulés au vestibule d’une réalité au goût amer d’Envers, ils ne peuvent que constater l’ampleur de la récolte. Ça, et la porte ouverte dans leur dos, sur un couloir tortueux qui appartient bien à La Maison. Mais n’était-elle pas condamnée, cette porte ? De chasses en aiguilles, les voilà à traverser les murs alors, à débarquer sans crier gare, dans les pièces pourtant ravalées, pourtant emmurées, de celles qu’on avait crue oubliées. Mais pas pour l’Ampoule et son douteux sens de l’humour.

Entre boue, marée lapine et reste d’océan, les voilà tous rescapés de cette nuit d’horreur avec pour tout fond sonore, les bruissements lointains de la fête hasardeuse. Et la preuve indéniable, aux yeux des courageux, qu’il se passe en coulisse de Maison, quelques curieux spectacles de marionnette. De quoi faire bouillir les cerveaux et les âmes, dégoûter plus d’un de retourner de l’Autre Côté.









NOTE ADMIN : C'est sur cette macabre découverte que le premier event touche à sa fin. Nous espérons que vous avez apprécié cette petite excursion avec nous. Il s'agit d'un topic ayant pour but de réunir vos groupes face à la conclusion de tout ce joyeux bordel. Vous pouvez poster sans respecter votre ordre, une seule fois comme plusieurs afin d'intéragir, cela reste globalement très libre. Essayez seulement de poster au moins une petite fois, cela serait sympathique pour nous qui avons tout écrit, voilà voilà :3
Vous pouvez également faire à l'avenir mention des évènements dans vos rp à votre guise. Nous vous encourageons également à nous faire part de vos impressions ici! Nous vous disons de notre côté à bientôt pour la suite <3
Brèche


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification BxUiPsk
personnage : arrivée en septembre 1991, ne sent pas la douleur physique, se transforme en centaure biche dans l'envers, parfaite bouc émissaire (ne crie jamais, ne pleure pas, ne sent rien), a du sang sur les mains, enterre les morts humains comme animaux.
Libre pour rp? : Oui
Messages : 253
Reine du prank
Reine du prank
Brèche
http://lamaison.forumactif.com/t46-breche-genoux-cagneux-coeur-tout-mouhttp://lamaison.forumactif.com/t42-recollee-a-grands-coups-de-sparadrap
Jeu 19 Oct - 16:55
Brèche s'était mordu les lèvres à se les éclater, sang ferreux lui dégoulinant dans la gorge, lorsque la Blanche avait assuré avoir gagné la partie. Sans l'intervention du sieur Barbecue Bougie aurait été condamnée, emportée dans les bras de la Reine des lapins. Mais ils avaient réussi, par la Rouge, ils avaient réussi l'énigme. Ne restait plus qu'à poser la Grande Question et fermant les yeux, trop apeurée pour les garder ouverts, Brèche avait entendu que Raspoutine la pose. Et attendu, avec plus d'appréhension, la réponse de la Blanche qui leur chanta ce qui semblait être une énigme.

Alors quelque chose éclaboussa Brèche qui ouvrit des yeux éperdues, craignant le pire. Ça grattait, lui démangeait comme des piqûres de moustique. À la vue de son pelage virant au blanc crayeux, de la peau de ses mains devenant rose, la Loir ne put pousser qu'un « Ah » surpris avant de tomber.

Chute en roue libre, toboggan invisible qui l'emportait elle ne savait où et, la panique lui comprimant la gorge, Brèche ferma les yeux. Ne les rouvrit qu'en sentant le sol contre sa joue, se redressa, groggy. Se demandant si elle était encore ou non dans l'Envers, se baissant pour observer son corps, elle put voir que ses jambes étaient à nouveau là – signe qu'elle était à nouveau dans la réalité. Tournant la tête elle vit les autres pensionnaires, ces groupuscules qui avaient enquêté de leur côté mais, surtout, vit les dents. Multiples, impossibles à quantifier, remplissant tout contenant possible et inimaginable. Trop curieuse pour son propre bien, Brèche lut les étiquettes, posa sa main sur un vase emplis de canines et de molaires.

Et en piocha cinq qu'elle glissa dans la poche de sa robe, faisant cliqueter les amulettes pendues à son cou.

Se retournant vers l'assemblée, sa petite voix résonna dans la pièce.

« Tout le monde va bien ? Rien de cassé ? »

Elle-même n'avait aucune idée de son état, toujours engoncée dans ses pansements. Elle se rapprocha d'un•e pensionnaire qui avait quelque difficulté à se lever, lui tendit une main secourable.

« Oh. On sait peut-être qui vole les dents... » hasarda-t-elle, espérant que sa voix ne serait pas étouffée par celle des autres. « La Blanche nous a donné des indications. » Confuses mais c'était mieux que rien. Brèche fronça les sourcils, se remémorant l'énigme. « Il fut un puis deux... Plus qu'un fantôme dans les cieux, levez les yeux, gare à l'errant, si tout est blanc, gare à vos dents... »

Brèche haussa les épaules comme s'excusant de ce message cryptique.

« Les Cerfs en sauront peut-être plus. Quenotte vous avez peut-être des informations sur lui dans vos registres. C'est peut-être un ancien pensionnaire. Au moins... » tenta de positiver la Loir en embrassant la salle du regard. « On sait où se trouve sa réserve. »

La question restait : pourquoi ?

Résumé:

Charogne


Chat chat rogne
personnage : Sorcière aux yeux verts - met trop de rouge à lèvres et pas de soutien-gorge - crache fumée et venin au visage de quiconque s'approche trop près - pieds nus dans les couloirs - aussi belle que sèche dans ses atouts d'un style victorien - coud en secret - aime tirer les cartes - cache beaucoup de squelettes dans ses placards mais ça tout le monde s'en doute.
Libre pour rp? : Oui
Messages : 140
Wicked
Wicked
Charogne
http://lamaison.forumactif.com/t133-charogne-may-fortune-favour-the-fuckupshttp://lamaison.forumactif.com/t129-charogne-mauvais-sang
Sam 21 Oct - 22:29
Et ça crépite, ça papote et bam voilà que ça explose. Javel sur les mains, les cheveux, dans les yeux, partout sur son beau manteau noir et Charogne n'a même pas le temps de frissonner en sentant le cadeau de la Blanche lui grignoter les plumes qu'un cri strident lui fait tourner la tête. Elle se recroqueville, ses serres pointues autour de son crâne, les paupières closes sur ses orbites rongées par la soude et pourtant l'océan de lumière l'aveugle. Elle sent son coeur battre aussi vite que les pulsations dans sa tête, se dit que sa cervelle va imploser puis elle croit ressentir les pulsations de La Maison. Un battement, un seul, un si puissant, qu'il l'a renversée par terre et elle se sent glisser tandis que son corset se resserre si fort qu'il l'étoufferait presque. Quand elle trouve enfin la force d'ouvrir les yeux et de se redresser en titubant, même elle ne peut s'empêcher de mettre une main devant sa bouche pour cacher l'expression horrifiée qui se dessine sur son visage.
Quel joli paquet de dents. Elle en est si abasourdie qu'elle ne remarque même pas Brèche plonger sa main dans un des récipients. Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Elle n'a pas le souvenir de cette pièce qui devait probablement être déjà condamnée bien avant son arrivée. À en juger par la quantité de molaires et de canines accumulées, la chose responsable de tout ceci doit travailler sans relâche depuis des années. Elle se masse la tempe, baisse les yeux, toujours frappée par une migraine épouvantable. En bon adulte qu'elle est, elle voudrait croire qu'elle est en train de rêver mais tous ses sens lui hurlent qu'elle nage pourtant en pleine réalité. Comment expliquer tout ça au grand Pape ? Au reste du personnel de La Maison ? Faudrait-il ouvrir une enquête ? Surtout pas. Du moins pas externe. Si ça s'ébruite, si l'En Dehors s'invite dans La Maison, personne n'y survivra. Il faut garder le secret, fermer les yeux, encore, protéger le pensionnat et ses habitants des griffes de l'extérieur, des dossiers qui s'accumulent sur les bureaux, des injonctions du juge, des placements en famille d'accueil ou en orphelinats. Car si La Maison doit être condamnée elle le sera avec puisqu'elle sait que d'un point de vue externe son comportement est tout aussi condamnable que les traditions sauvages de ces chers garnements.

▬ Putain. Qu'elle lâche le souffle saccadé en s'asseyant maladroitement sur une chaise.

Et elle se reprend malgré le tournis, le mal de tête, la nausée, le sentiment d'absolument ne rien contrôler. De sa voix cassante, elle ordonne ou du moins essaye :

▬ Vous touchez à rien ! Je... Sa gorge devient sèche quand elle repense à l'Envers, à l'hystérie de la Blanche, à la noirceur de sa propre forme de l'autre côté. J'ai besoin d'un verre.

Franchement là, Charogne ne sait plus quoi faire.

Belladone


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification Olcv
personnage : Demoiselle phalène toute de cheveux sombres et de pâleur. Soeur aînée de Tamanoir, ex Fange. Cheffe des Cerfs, adolescente et sauvage, main de fer et langue de velour.
Libre pour rp? : 2/2
Messages : 357
Noctambule poudrée
Noctambule poudrée
Belladone
http://lamaison.forumactif.com/t53-watching-me-fall-quenottehttp://lamaison.forumactif.com/t38-alice-au-pays-des-fourmis-quenotte
Dim 22 Oct - 2:04



There's a thin white cold new moon

and the snow is coming down


Flotter entre deux réalités. A percuter la sirène, elle s’est laissée emporter, voguant au gré d’une hystérie tranquille, dérivant aux membres éparpillés qui se traînent ici-bas. Là où rien n’est plus, où ne sommeille ni douleur ni peine, ni joie aucune. Plus rien pour vous serrer le cœur. Une pause dans l’univers, un arrêt sur image qu’elle est sur le point de rejoindre. Puis c’est l’impact. Une gifle aux tympans et au ventre, pour la heurter, l’expulser. La recracher et la vomir comme une tumeur, loin de la quiétude parfaite d’un charnier abyssale. Après avoir nagé, c’est en bonne fée que Quenotte apprend à voler, précéder de la masse détrempée de sa tignasse. Le temps d’un piètre repos, sonnée au canapé salvateur sur lequel on l’a gracieusement assise – petite poupée tranquille – et dans l’amas ferreux de chair qui se rétracte et les dévore, de ramper à la suite des autres pour vite échapper à la pièce qui pulse et les observe de ses yeux en fenêtres, ses rideaux de dents ferrées.

Elle s’extirpe de là comme un poisson sans écailles, toute nue et glissante dans la pénombre, cherchant à leur trace l’esquisse d’un repère, à ceux qui n’ont pas connu les profondeurs, l’image de confrères pourtant étrangers aux membres épars imprimée sous les paupières. Ils tremblent et frémissent dans ce qu’ils ont laissé à ses yeux, lorsque le hurlement perce, profond séisme vagissant le néant. Le temps d’une vision perdue, d’un éclat si luminescent qu’ils croient venus les anges, les corps se tournent et lui sourient, gravant à sa mémoire l’image indélébile d’un enfer silencieux, dérivant tranquillement sous leurs pieds inconscients.

De l’intérieur, on lui dénoue tranquillement les viscères, quand elle croyait pourtant arpenter celles de La Maison.

Puis, l’enfer fatigue et s’écorche, se creuse d’une plaie béante par laquelle ils les éjectent tous. Face contre terre, elle rencontre le plancher de l’épaule, cherchant la fine lueur diffuse par la porte entrouverte d’une pièce dont elle ne se remémore aucune entrée. A y lever les yeux, elle y discerne la toile complexe de poutres entremêlées, chemin creusé dans les murs pour y abriter la macabre découverte.

C’est bien plus qu’une récolte de fée. Il y a ici l’équivalent d’années de travail, de dents arrachées plus que tendrement récupérée. Voilà le fruit de leur enquête nocturne. Ils ont bien la preuve désormais, mais sans avoir de coupable. Un meurtre sans victime, une réponse sans question. Dans sa nudité détrempée, gouttant de toute sa flotte sur le plancher, elle se tait, bête de ne pas savoir, encore balbutiante de sa trouvaille. Tant et si bien qu’elle entend à peine l’énigme cryptique, les quelques mots absolus délivrés par une Brèche tout aussi mal en point. Puis l’injure. L’injonction professorale. Mais les voilà bien bêtes, dans toute leur vieillesse, de ne pas savoir, eux non plus, comme dompter ce qui les dépasse de loin, à l’image de quelques dieux jaloux. On en déballe son nom, à peine de quoi la ramener.

- Hein… ? – Elle balbutie, cherche d’une œillade folle dans la salle un repère dont elle ne sait encore trop rien mais qui, sur l’instant, lui semble comme une évidence. Comme une serviette après le bain d’eau froide. – Je sais pas… - Ce n’est pour une fois pas si douloureux de l’admettre. – Ce n’est rien de ce que je connais, rien d’humain, rien de là-bas non plus. – Elle tambourine au sol du plat de la main, se donne le rythme, la baguette à suivre. Retrouver l’ordre bien tangible de son existence. – On peut chercher, enquêter oui. – Et éviter que la police s’en mêle. Oh non pas encore. Pas avec leurs museaux fouineurs et leurs papiers, leurs milles dossiers qui pourraient les jeter hors d’ici. – Mais c’est pas juste les dents…

Ça vient comme un roulis dans ses épaules, une torsion craquelée à la porcelaine de sa nuque et c’est à peine si elle ne se dresse pas sur ses genoux pour le chercher à l’odeur, ramper vers lui où ce qu’elle croit être lui. Et empoigner le bras morcelé de crocs encore humide d’avoir côtoyé de trop près la gorge d’un chien qu’il avait cru gentil.

- Fange ! – C’est bien le plus important sur l’instant. Plus important que les dents, que la ballerine et les énigmes à la con qu’elle pourra retourner plus tard. Rien ici-bas, pas même La Grande Rouge, ne pourrait prétendre à se hisser aussi haut que ce qu’il lui reste de famille. Car sans lui, qui la retrouvera lorsqu’elle s’assoupit à chaque sortie nocturne ? Et qui jouera, et qui l’aimera… ? Un rien trop fort elle empoigne sa main, à la fois aînée et cadette, pressant et s’assurant, juste un peu, que le cauchemar n’est pas complet. – Qu’est-ce qui s’est passé ?!

Et peut-être consentira-t-elle à le soigner, à écouter, lui pardonner – pour la chemise – et à lui raconter une histoire. C’est encore ce qu’elle fait de mieux, du haut de ses seize ans, lorsqu’on la voudrait reine, elle qui ne sait rien, de pourquoi les fées arrachent les dents.

Ils ne sont après-tout que des gosses.





C O D E ©️ W H A T S E R N A M E .




Spoiler:

Tamanoir


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification 83nx
personnage : 1 mètre 60 de puanteur, de noeuds de cheveux anciennement bruns, désormais noirs et bleus, de regard torve, de bouche aux incisives trop longues, de peau mate, de vêtements punks, de boots pour vous rétamer la gueule, de zozotement, de délire et de charisme.
Libre pour rp? : Complet / prends les projets en mp
Messages : 313
Punkachien
Punkachien
Tamanoir
http://lamaison.forumactif.com/t40-fange-gonna-watch-them-allhttp://lamaison.forumactif.com/t39-chaos-is-a-ladder
Dim 22 Oct - 13:06


Event

Réunification




Emporté par la vague, par la lueur éclatante de ce nouvel environnement, Fange est tombé là plus qu’il n’y a atterri, les yeux rivés sur son bras ensanglanté, déchiré par les crocs de Rictus. Belles entailles canines que voilà, pour celui qui, en débardeur de noir et de crasse, essaye finalement de se relever, jetant un regard alentours en entendant les voix. Il a mal, mais la douleur lui apparait comme abstrait et quand les bocaux apparaissent, quand les dents se précisent en formes moins floues, sa propre souffrance s’ouate et il bégaye un rien, plus surpris que choqué – putain, y’en a des milliers.

Des milliers de dents qui s’entassent, le travail d’une vie voir même d’un millénaire. Est-ce la rouge qui a fait ça ?

Les gouttes tombent sur le sol immaculé et cela fait comme des fraises sur son chemin hésitant. Lieutenant, la Môme, le Hibou et même Chester ont certainement dû le suivre mais pourtant, plus que d’entendre la devinette de Brèche ou les paroles choquées de Charogne qui vacille à son tour, c’est Elle qu’il voit. La Déesse, la Vivante et quand elle appelle son nom, il se rue contre sa silhouette trempée mais chaude, et inspire une bouffée de courage dans ses cheveux tirebouchonnés.

« Putain t’es là – putain t’es là – putain t’es là – putain t’es là » Qu’il répète en boucle, les dents un peu serrées, le bras en écharpe sans rien pour le retenir.

Puis il lui répond enfin.

« C’est Rictus. Rictus a essayé de me bouffer, il m’a pris la chemise – je suis désolé. » Parce que c’était un cadeau et que maintenant, ce connard de chien doit s’en donner à cœur joie en la déchiquetant. « Je ressens pas grand-chose. » Il ne parle pas seulement de ses blessures qu’il faudra bien soigner et pendant un instant, il regrette la présence du Borgne qui doit être resté avec les autres gamins, second aussi fiable que stable. Lui saurait quoi lui dire, lui saurait comment agir.

« C’est quoi ce merdier Quenotte. » Et le surnom lui fait mal. Le surnom lui fait dresser les oreilles comme un animal prêt à charger. Ce n’est pas elle qui a pu faire ça, que personne ne vienne à le penser. Mais surtout, ce n’est pas elle la prochaine à collectionner.

Faudra lui trouver un autre nom.

« On devrait foutre tout ça par terre. » Ou alors au moins les récupérer. Et il se tourne vers Charogne. « Faut foutre tout ça par terre. On va pas laisser ce truc trainer ici. Pour faire quoi ? Pour que ça continue ? »

Il y a une menace qui se faufile dans les murs de la Maison. Quelque chose de beaucoup trop important pour être ignoré. Et d’observer ces bouts de gencive qui trainent accrochés aux dents soigneusement rangées, Fange n’a ni dégoût ni peur.

Juste une formidable colère.




Spoiler:




Bougie


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification 8ab651107544d7ad5683738b4da808fb
personnage : Arrivée à ses 16 ans. Atteinte de pyromanie pure, le feu l'apaise. Craint la Blanche qu'elle fuit dans l'Envers, coincée dans une carcasse de lapin enflammé. Crée des bougies pour tout à chacun, surtout pour elle - ce qui lui a valu son surnom.
Libre pour rp? : Oui
Messages : 37
Faire feu de tout bois
Faire feu de tout bois
Bougie
Lun 23 Oct - 21:02

Bougie, qui était une lapine dans l'Envers, avait eu le cœur qui battait littéralement à cent à l'heure. La peur qu'avaient provoqué les paroles de la Blanche avait rendu les flammes de Bougie plus ardentes, plus vives. Comme si sa vie se consumait littéralement en ce moment même, en étant impuissante, due à une peur qui l’empêchait de bouger et de juste avoir les dents qui grinçaient à en saigner, jusqu'à avoir du sang qui coulait le long de chaque coin de lèvres, glissant sur sa peau jusqu’à se rejoindre sur son menton et faire tomber au sol des gouttes du liquide rouge.

Mais son sauveur ne fut autre que son précédent bourreau : le lapin de la Blanche. Le groupe avait bel et bien répondu correctement à l'énigme posée. Bougie ne put rien dire, paralysée par tout cela, laissant le chef des Cerfs parler.

Quand Bougie reprit pleinement possession de ses moyens ils avaient tous quitté l'Envers. Bougie reprit petit à petit forme humaine. Les flammes redevenaient cheveux et le pelage reprit forme de vêtement. Mais la jeune Loir avait été si marquée dans l'Envers que  Bougie n’était pas revenue totalement à son état normal gardant, pour quelques minutes, des oreilles de lapin qui réduiraient doucement avec le temps, mais aussi un faciès de lapin qui incluait dents, museau et moustaches.

Bougie écouta les dires des uns et des autres. Apparemment tous avaient fait des rencontres plutôt dignes de l'Envers qui avaient même était jusqu'à mettre hors de lui le chef des Rats. Bougie n'avait pas souvenir d'avoir vu le chef des Rats calme. Il devrait aller voir le Sépulcre sinon il finirait sûrement avec un ulcère bien douloureux. Mais vu les avis divers et la colère qui dictait certains au lieu d'y réfléchir posément Bougie prit la parole.

— Veuillez m'excuser, mais dans un premier temps ne serait il point convenable de plutôt voir si nous ne déplorons aucun blessé grave qui aurait besoin de soins prestement ? Et ne pas laisser la colère dicter le jugement de tous ici présent.

Bougie prit une profonde respiration serrant une bougie dans sa main qui était dans son dos comme pour se donner tout le courage du monde. Elle savait bien que dans les personnes qui étaient visées par ses paroles il y avait le chef des Rats et que cela pouvait vite devenir dangereux pour elle.

— Qui plus est détruire ce lieu ne serait il pas juste inintelligent ? Ne serait il pas plus… habile et raisonné de garder ce lieu sous surveillance pour débusquer la … chose ? Que Miss Quenotte et ceux qui étaient avec elle ont vue.

Bougie n’espérait pas vraiment que le chef des Rats la soutienne ou elle en lâcherait sûrement sa bougie, prise de cours par une réaction qu'elle ne comprendrait pas sur le moment. Mais, qui sait, peut être que les autres personnes la soutiendraient, allez savoir. Tout était permis dans la Maison.

Résumé:

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Invité
Invité
Ven 3 Nov - 17:29

Il n’y avait qu’un seul être capable de nous protéger. C’était Opaline. J’en étais persuadé. A moins que ça ne soit nous-même ?… Dans l’Envers, tout était possible. Tout comme donner naissance à une peluche géante qui servirait de rempart entre nous et la tête d’ampoule. Ma peluche. Mon Opaline. Celui qui me donnait le courage de me dresser debout, face à tout ce qui nous arrivait. Pour défendre et protéger mes compagnons de fortune.

Cependant, tout ne se passa pas comme prévu. Je fixais ma peluche avec de grands yeux ronds… Les fleurs de pavots s’enroulaient tout autour de son corps de tissu et écloraient un peu partout. Jusqu’à l’étouffer, le broyer, le déchiqueter, sous mon regard incrédule. Opaline était en train de mourir ? De sombrer ? Oui, mais non ! C’était l’Envers ici. Je pouvais créer autant d’Opaline que je voulais !

Malheureusement, je n’en eus pas le temps. Le tête d’ampoule, ayant volontairement heurté notre table, notre seul salut contre l’océan carmin, Petit Chien chuta. Aussitôt, je me précipitais, agrippé à notre radeau de bois, je lui tendais la main. Il ne fallait pas qu’elle sombre à son tour. Non ! Elle ne pouvait pas sombrer ! Elle ne devait pas. Mais elle était loin. Et mon bras plus petit que d'habitude. Nos doigts s’effleuraient… Allez ! Encore un effort ! Quand allais-je attraper sa main ?!

Tandis que j’essayais de tendre mon bras au maximum, j’observais cet océan de fleurs. Et quelque chose de flottant retient mon attention. Les dents ?… Tout partout… Mais qu’est-ce que ?…

Une nouvelle fois, je n’ai pas le temps de comprendre ce qui se passe. Tout se met à bouger. On est littéralement aspiré vers le porte. Je ne remarque qu’à ce moment que Quenotte se trouve dans un canapé… Comment est-elle arrivé là ?.. Peu importait ! Ce qui comptait maintenant, c’était de sortir d’ici ! Ca devenait urgent ! Les murs, le plafond et même le plancher… Tout était en train de s’effondrer sur lui-même, avec nous dedans ! Pas question ! Courir était notre salut.

A peine le porte franchit, qu’elle claque derrière nous. Et plus rien. Ou presque. Ca nous regarde. Ca nous fixe. Ca palpite. Ca sait qu’on est là. C’est bien réelle. Et ça crie. Ca hurle. Et ca fait mal aux oreilles. Je me sens obligé de poser mes mains sur celles-ci pour les protéger en grimaçant. Puis, c’est la lumière, trop forte, qui me fait grimacer. Un dernier battement qui semble durer une éternité.

Et c’est fini.

Lorsque je rouvre les yeux, je me retrouve au milieu de… la galerie des dents. C’était absolument dégoûtant et incroyable de voir ces dizaines, ces centaines de dents tout partout… Mais depuis combien d’année la tête d’ampoule volait nos quenottes ? Depuis de combien de temps vivait-elle parmi nous sans que nous n’en sachions rien jusqu’à maintenant ? Qui était-elle ? Pourquoi parasitait-elle la Rouge ?… Tant de questions. Et aucune réponse. D’ailleurs cette pièce… Cette partie de la Maison… On ne pouvait y accéder en temps normal…

Finalement, je laisse toutes ces questions pour écouter les autres. Tout est confus. Trop confus pour moi. La Blanche ? Une énigme ? Même Charogne a l’air complètement dépassée… Fange ne comprend pas plus. Bougie tente de raisonner… Malgré tout, il y a quelque chose de mauvais, n’est-ce pas ? Quelque chose qui menace notre have de paix ? Qu’est-ce qu’on doit faire pour protéger la Rouge ? Qu’est-ce qu’on doit faire ? Qu’est-ce qu’on doit faire ?… Je ne cessais de tourner cette question en vain dans mon esprit, tout en serrant les bords de mon tee-shirt, nerveusement. La perspective de perdre la Rouge, notre précieux nid, n’était insupportable et inimaginable. A cette douloureuse pensée, mes mains tremblaient de plus en plus et des larmes silencieuses embuaient mes yeux. Moi, qui ne perdait jamais mon sang-froid. Moi, qui savait resté calme en toute circonstance. Moi, qui pouvait faire preuve de courage pour protéger les autres, je ne leur avais adressé aucun regard depuis notre retour de l’Envers… Petit Chien, Hypnos, Quenotte, Tâche… Je ne m’étais inquiété pour aucun.

J’étais en train de perdre en pied. Je voulais mon Opaline.


Spoiler:


Alcatraz


Event 1 - La Fête des Loirs - Réunification Snow
personnage : Longue gueule patibulaire d'adulte perchée sur un mètre quatre vingt cinq de puanteur caprine. Croyez le non, Alactraz a seulement dix sept ans. Dans ses bottes de sept lieux et ses vêtements de velours, il n'affiche pourtant qu'une mine éternellement sinistre. Morose jusqu'au bout des lèvres, grinçant à chaque parole. L’œil torve, éteint ou menaçant, il traîne partout sa fatigue morale et son irritabilité foudroyante. Difficile de passer à côté de l'inquiétant Alcatraz et de son amertume, difficile de ne pas frémir quand sa voix grave s'enroule hors de sa bouche comme une lanière de cuir cloutée de sarcasmes et de cynisme. Il fait bien dix ans de plus que son âge, et ce n'est plus tant la barbe ou la carcasse massive : c'est l'air désabusé, l'étouffante et morne aura macabre qui l'entoure constamment. Prenez garde à l'ancien Chef des Cerfs. Ne vous permettez pas des aises sous prétexte que son regard est souvent vague, mélancolique, qu'il semble tout compte fait s'éloigner des vivants un peu plus à chaque jour qui passe. Jamais il ne fut plus manipulateur et amorale qu'il ne l'est aujourd'hui, ni jamais plus violent, alors même qu'il a cessé son tintamarre permanent, sa comédie faunesque. Alcatraz était bien moins dangereux quand il faisait perpétuellement du bruit. C'est désormais qu'il a plongé dans un silence lugubre, désormais que son regard est triste, que vous avez toutes les raisons de le craindre. Pour peu que vous ne soyez pas un Cerf -auquel cas, il puisera au moins dans ses réserves déclinantes de patience et d'amabilité-, évitez le autant possible. On ne sait jamais quand il pourra frapper. Avec la langue, ou bien avec les poings.

Fiche ; Carnet de liens

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Naufrage humain
Naufrage humain
Alcatraz
Mar 14 Nov - 1:39
Car ce n'est rien qu'un jeu au final. Et s'il a l'aspect massif du bois sculpté, c'est seulement pour mieux prétendre à son rôle de pantin. Rien qu'un de plus. Qu'une de ces vieilles babioles qui ont pris forme sous les coups de canif. N'est que le faune du coffre à jouets, balancé dans la malle parmi d'autres bimbelots. La preuve est là qui l'entoure, étau d'angoisse odorante, assemblée de gueules blêmes, petite troupe esquissée par un crayon dément ; trop de déformations altérant leurs contours, il n'en perçoit que les effluves. Tout est près pour composer une aventure d'enfant. Une poupée mal vieillie, un cheval à bascule, une méchante sorcière, une charmante peluche et une belle Princesse. Entre les mains de la Blanche, ils trottinent et prennent vie, dansent au gré de ses mains, caracolent à sa gloire ; c'est pour son bon plaisir qu'ils s'agitent et cogitent, c'est pour son amusement qu'ils donnent ainsi de la voix. N'en est-ce pas la preuve quand elle contemple tranquillement les nerfs qui rampent et se se cambrent au travers de son corps ? Qu'elle ne voit qu'un spectacle à sa rage bourdonnante. Elle se pique d'intérêt de le voir tourmenté, de percevoir la crispation de ses poings, l'éclat scabreux de ses yeux, de déceler au fond de ses orbites un nouveau marais en formation, prêt à se déverser. Elle se plaît à suivre les nœuds de sa carcasse sinueuse. N'est-ce pas amusant de jouer avec les nefs d'un satyre une musique fougueuse propre à le faire danser ? De mettre à sa barbaque toutes ces violences lascives ? Qu'il fasse des claquettes entre des claquements de fouet, percussions de sabots sur un solfège de feu. Voir une bête trembler, quand on sait que l'on ne risque rien à triturer sa sensibilité, quand il est évident qu'elle se laissera oppresser par la rage sans même gueuler un cri ; c'est amusant sans doute. Comme de faire tourner un ours dandinant sur deux pattes. Et une bête humaine, même derrière ses apparences de Grand Bouc s'adonnant à toutes ses sauvageries, c'est tellement plus jouissif à torturer des lèvres. Inutile de travailler la bête humaine au corps. Les mots suffisent à ravager son cœur. Les bons mots pour instiller à tout son être une tension ignoble ; de quelques syllabes percutées, paroles entrechoquées comme autant de chaînes s'enroulant aux artères et aux nerfs, suffisent à créer des situations aussi insoutenables qu'une menace de mort. Avec ces quelques bons mots on peut créer le danger. Piéger contre sa langue un cœur blessé, comme on dorlote un oiseau jusqu'à l’asphyxier d'angoisse. On peut assassiner quelqu'un en remuant des lèvres. D'une vibration de la gorge. D'un seul tir de syllabes. Il ne suffirait peut-être de rien de moins qu'une nouvelle insinuation pour lui faire lâcher prise sur les nœuds qui composent le tissage de son corps, car il n'arrive tout bonnement pas à croire qu'il ait bien fait ce choix. Qu'il ait pu ainsi trahir son amour pour Banshee. Au nom de quoi, de qui, de tous ces putains de chiards. Ils n'en valent pas la peine. Il voudrait en rugir. Il voudrait -pourrait, devrait- hurler, déchirer sa poitrine pour en exposer l'incendie organique, en faire rugir les vents, porter ses fureurs à leurs membres moelleux, et les éparpiller au crescendo de sa rage. Il pourrait se nourrir de leurs entrailles fondantes et crépitantes de sucre. Il pourrait jouer avec leurs os, s'amuser de leurs pleurs, se nourrir de leurs souffrances comme d'autant de confiseries- une douceur après l'autre piochée à leur carcasse. Toutes ces choses sont possibles en Envers. Peut-être est-ce la violence qu'ils ont apporté dans la Maison, une génération après l'autre. Peut-être est-ce simplement la sienne qui se révèle au détours d'un semblant d'inconscience. Toutes les passions sont déchirantes, tout est teint de carmin dans sa forêt d'automne, et les racines s'entremêlent à ses nerfs, se glissent à ses artères comme autant de caresses opiacées, autant d'ignominieux murmures de fièvre... il n'est plus question que du tréfonds des choses. D'éparpillements, d'extases et de fureurs. De douleurs expiatrices. Torturer le corps pour échapper à des tourments autrement plus cruels- saigner à sa manière. En gueulant. En suant. Et peut-être aller creuser une plaie ailleurs qu'en sa propre poitrine, faire un terrier pour ses mains maniaques dans le ventre d'un autre, mordre enfin dans la chair, frapper ce qui ressent pour répandre sa rage... Peut-être un jour se laissera t'il aller à la colère qui le hante depuis tant d'années, et qui n'affleure qu'aux ondes troubles du sommeil. Ou de l'Envers. C'est du pareil au même.
Je rêve. Je rêve ma douleur et ma consternation- j'ai rêvé la Blanche et tous mes mots pour elle. Je rêve la sale tronche de Charogne. Je rêve la Brèche mouchetée, la Bougie embrasée. Je rêve que les Princesses éjectées de leur conte peuvent se relever malgré le fatal carambolage, pour danser avec moi quelques pas sous des constellations épinglées au plafond- je rêve d'une Maison et de ses habitants, et la Maison me rêve en retour, avec toutes ses délicates perversions d'ogresse, elle me rêve aussi brutal qu'elle même, à son image carmine, un faune Rouge et sauvage... Et puisque je suis à son image, si elle est notre baraque, notre arche aux orphelins, notre somptueuse poubelle, je suis moi même un hôtel par lequel transitent des colères, des soupirs, des sanglots, rien qu'un nichoir pour les peurs des enfants craignant l'obscurité de leur cœur, et les démons de la Rouge. Ceux qui n'ont pas compris d'où leur viennent leurs cauchemars. Que tous les monstres n'existent qu'à travers nous même...
Mais ils sont beaux les raisonnements qui peuplent son esprit, elles sont belles les idées, face à cette rage immense (et pourra t'il le dire, pourra t'il l'accepter), face à la peur (celle qui vous ronge rouge doucement en propageant sa corrosion comme une écume toxique) qui n'a de cesse de grandir, l'angoisse perpétuelle de ne pas savoir ce qui l'attend ensuite, sous quels auspices se traceront ses lendemains, sur quel chemin il s'échine à clopiner encore. Il n'en crèvera pourtant pas, même quand les mots ne sont plus d'aucun secours. Ou pas tout seul du moins, puisqu’il entraîne avec lui les cohortes errantes aussi bien dans les ascensions que dans les terrassements. Puisqu'il est tout autant un printemps qu'un automne. Qu'il appelle à la renaissance des choses tout en pouvant acter pour leur expiration. N'est que pulsions entremêlées- de vie, de mort. D'altruisme et de préservation. Lui qui cogite tant malgré les apparences... Ne peut continuer à faire régner son esprit sur son corps qu'au prix de ces éclosions monstrueuses de l'Envers. Ne peut poursuivre sa comédie qu'en raison de ces moments de fureur. Et Banshee était un cercle de pierre emprisonnant le feu, un âtre au sein duquel palpitait ce braiser. Un Tout qui le contenait. Comme n'avaient su l'être ni Couseur, ni même la Maison. Banshee était une réponse ; énigmatique, mais pleine de promesses. Banshee a su l’apaiser, le dompter. Mettre en cage la colère qui bouillonnait en lui.
Mais Banshee n'est plus là. On a démolis l'âtre. Et le feu se déverse, et l'incendie progresse. Roule en dehors de son cœur pour envahir son corps. Carbonisant ses nerfs et charbonnant son âme.
Il est maintenant pourris par les tics. Crispations involontaires le long des bras, pampres juteuses et palpitantes de muscles. Une fixité dans son œil, un frémissement à ses paupières. Comme un rictus figé à fleur des lèvres, comme une pesanteur électrique le long de son squelette, carne goulue et foudroyée écrasée sur les os. Un faune conçu de fourrure et câbles tendus. Une masse crépitante qu'on a tissé de torsades. C'est d'une laideur insoutenable, cette férocité palpable qu'on pourrait lire en braille. Traduisible à la seule lecture visuelle de toutes ces crispations dessinant sa carcasse. Mais certains font encore moins dans la dentelle que lui.
La Blanche écumeuse est plutôt du genre à utiliser ses aiguilles à tricoter pour piocher aux orbites des enfants quelque litchi tiédasse. Si sa dentelle est incomparablement immaculée, si ses bonnes œuvres sont toujours d'une efficacité indéniable (on raconte qu'elle leur ronge même les os), elle ne brille cependant pas par sa subtilité. Sil ne sait pas faire dans la demi-mesure quand elle entreprend de savonner de toutes parts. Pour  mettre fin à leur entrevue, c'est de son masque de jeune femme dont elle se débarrasse -plutôt que de leur présence-, leur présentant la délicate et certes irréprochable architecture de son ossature dépouillée de la chantilly de sa chair. Avec en prime une risette éclatante. Un bien beau sourire tout en dents, alignées comme des perles. C'est ce qui les a conduit ici, une histoire de quenottes. On leur en présente tant tout d'un coup, et de si bien brossées -prenez exemple les enfants, voilà le produit d'une hygiène exemplaire, on pourrait même les coller sur une boule à facettes-, qu'il semble un instant à Raspoutine qu'il s'agit là de la réponse attendue, qu'elle se passe finalement de mots, et se résume à ça, à ce sourire de cadavre. Ils ont comme une sorte de vautour géant avec eux, après tout. Peut-être y a t'il un langage secret qui lie les oiseaux de malheur et les charognes infâmes. Peut-être n'est-il pas à même de le comprendre car il n'est qu'un gros bouc. Peut-être bien ne devrait-il pas s'attarder à détailler cette décomposition spontanée avec autant d'intérêt, feindre de ne pas lui trouver un attrait singulier. Mais il est faune. Il sait intuitivement les choses de la vie, et cette ignoble débâcle morbide ne parvient pas à le dégoûter. Tout naît de la déréliction, tout n'est que le produit de la décomposition, de la sainte pourriture ; c'est ce que dirait Dément, nanesque adolescent délirant avec force vociférations parmi les ratons de Fange.
Il se demande d'ailleurs un instant ce qu'il peut bien advenir du groupe de sa seconde et de son félin de frère. Ont-ils également fait une étrange rencontre ? Quel spectacle cet Envers dénaturé, cet Envers étranger, a t'il choisis de leur jouer ? Il parvient presque à émettre un soupçon d'hypothèse, dans son crâne où les pensées filent en désordre comme des balles de fusil, mais son attention dispersée en contemplations macabres et suppositions volubiles est ravis toute entière par la Blanche. Quand sa bouche morte et desséchée lui adresse la parole. Qu'elle lui fait l'honneur d'articuler quelques mots, presque une petite comptine. Elle lui semble être composée spécialement à son intention, quand elle vient s'enrouler au creux de ses oreilles. Comme une moquerie ou comme une mise en garde.

Il fut un puis il fut deux
Plus qu'un fantôme dans les cieux
Levez les yeux gare à l'errant
Si tout est blanc gare à vos dents


Ce n'est pas une réponse pense t'il.Et elle se fout de notre gueule. Alors qu'il ne peut même plus lui arracher la sienne ; elle lui en a ôté le plaisir en leur faisant son numéro tout de javel et d'os. Mais il peut encore lui briser les os et lui crever les yeux, il y a sûrement encore un substrat de viscères qui barbote dans son ventre livide, sans doute peut-il  trouver un peu de viande chimique à mâchonner sur cette carcasse osseuse, il doit pouvoir lui sucer la moelle et l'éparpiller aux quatre coins de cette prairie nocturne, racler un peu de son gras, presser le jus de ses muscles, ratisser ses muqueuses- puis il piétinera les lapins, dansera sur eux jusqu'à les réduire à des pelures sanglante sous ses sabots, jouera du tambour sur la terre, et la peau du tambour sera celles de ces foutus peluches, de ces foutus flocons de fourrure qui palpitent et les fixent avec leurs yeux humides dont il fera des billes, qu'il dévorera comme du caviar à même leurs orbites soyeuses, puis il glissera les doigts dans leur corps évidé pour palper la moiteur de l'envers de leur chair, goûter à la chaleur mourante de leur carcasse déchirée, et quand enfin il aura suffisamment graillé de leur carne saignante, quand finalement il en aura fini avec tous ces suppôts pelucheux de l'Envers, alors seulement peut-être un grand calme s'abattra sur lui. Alors peut-être n'y t'il aura plus ni de ces mots invasifs dans son crâne, ni de ces crispations électriques dans son corps, ni de ces émotions qui lui semblent toujours sur le point de l'emporter.
Il ne suffit que d'un peu de rage.
Il y est prêt. Il en exulte. Il s'y complaît déjà, écumant dans sa barbe. Une bave de fureur et de convoitise lui dégouline des lèvres. Il a si honteusement rêvé ces moments d'abandon qui sont désormais à portée de ses mains... Avec de quoi déchirer à portée, et une juste colère à faire retentir. Une si voluptueuse mise à mort s'offre à lui.
Ou un pétard mouillé.
Elle lui explose au nez dans une gerbe de notes. Un rire afflue à sa bouche et l'emplit, la déchire, sa voix se fait salive, liquide, acide et corrosive, et son corps une absence, un grand vide, un grand bruit. Elle se disperse. Elle se défile. Après le visage, c'est toute la carcasse qui s'escampe devant eux- il n'en reste rien d'autre que l'écho de son hilarité. Et les brûlures s'imposent, les fantômes nichant au creux de leur épiderme, mille et une blessures infimes. La Blanche est là sur eux, fumant sur toute leur peau, toute en soupirs de soude, et lui au premier plan de ce jaillissement livide, prend des airs inquiétants de père noël crasseux. La javel brûle ses paupières, ses bras, son torse- et c'est autant de surprise, de douleur que de fureur qu'il se met à hurler.
Alors à son tour, le monde explose. A l'attentat du rire succède celui d'un cri. Mais ce n'est pas le sien,  il ne donne pas l'impulsion à cette apocalypse- il aurait pu le souhaiter. Ce n'est pas son rugissement bestial, pas son ire incendiaire. Elle vient d'ailleurs cette hargne, ce désir d'éparpillement qui démantèle le monde. De plus loin qu'aucun de ses battements de cœur.
La douleur siffle sur sa peau, le cri dans ses oreilles, et l'ombre sur ses yeux. Tout est crissant le long de ses nerfs. Les ténèbres vibrent comme des mouches. Et la prairie retroussée sur ces ombres vivantes n'a laissé derrière elle qu'une seule palpitation de lumière, comme une miette de Blanche. Est-ce une étoile filante ?  Est-ce une craie qui hurle sur le tableau noir de l'Envers ? Une traînée de javel délavant l'obscurité ? Le dernier signe de la fin des temps.
Si seulement tout pouvait s'arrêter.
Mais à la vérité, ça ne fait que commencer. Au hurlement succède un silence qui n'est un soulagement que lors d'une brève seconde. Le silence se révèle n'être qu'un bourdonnement sourd. L'ombre ne cachait qu'une lumière plus cruelle qu'aucune cécité, qui se répand dans un éclatement digne de celui d'une bombe. Peut-être bien est-ce le cas. Peut-être sont-ils victimes de la colère irraisonnée d'un élève s'y connaissant dans la préparation d'explosifs artisanaux ? Ravages d'Envers et de réalité mêlés en ce chaos. Ce ne serait pas la première fois que la Maison manque d'être réduite en morceaux ou en cendres, à en croire les archives.
Elle n'est pourtant pas morte ni même agonisante. Blessée peut-être, ou en colère- elle palpite autour d'eux. Même la lumière se tait, à la gloire écarlate d'une symphonie charnelle. Philharmonie organique qui n'est pas jouée seulement à leurs oreilles mais aussi dans leur ventre. Tout ce qu'il y a de tambours dans les murs de la Rouge se met à rouler au gré de leurs viscères et dans le creux de leurs veines. C'est comme un barillet où s'entassent les cartouches. Et à la plus infime pression sur la détente, toute la carcasse s'affolera dans un sursaut d'entrailles. Ils fuseront dans la nuit comme des balles en argent. Celles que l'on tire pour tuer les monstres. Et jusqu'aux mauvaises fées qui se nourrissent d'émail.
La Maison les attire dans son étreinte goulue, les y aspire avec avidité, dans la mollesse de ses muqueuses, la tendresse de sa gueule. Elle ne les mâche pas, elle les avale tout crûs, difformes et hurlants. Dégringolade presque languide au gré des contractions. Il peut la sentir qui se tord contre sa peau, qui se presse en pulsant sur son corps, l'enjoignant à la chute. Toute la viande qui se terre bien à l’abri des murs, toute la vie suintante qui existe dans les parois de la Rouge. La glissade lui paraît sans fin- car il n'est plus tout à fait lui même dans cette carcasse de faune, ou bien une autre version du garçon qu'il pense être, un portait de pop-art aux couleurs plus criardes. Cet étranger qui vit à l'Envers de sa peau comme sous l'humus gorgé, ne la retournant qu'une fois la nuit tombée, pour se répandre au sein du monde en une fleur de fourrure, tige d'os, pétales de chair, pubescence exotique, cet être prisonnier qui vit à l'intérieur, qui ressent chaque contact comme une catastrophe. C'est une bête souterraine grondant entre ses os. Dans cet enfer glissant qui palpite et l'écrase, il ne reste pas même un lambeau de sa raison. A tel point qu'il ne pourra jamais évoquer cette descente aux enfers, n'en gardera aucune image, pas même l'écho d'un son. Quelques cauchemars seulement.
Ce qu'il n'oubliera pas, c'est ce cosmos de dents.
D'abord il y a le choc. Si brutale qu'il se fracasse au sol, rejoint les autres en débâcle de membres. Éructé par l'enfer et dépouillé de sa peau. C'est tout d'abord ce qu'il perçoit, un courant d'air ondulant le long de son épiderme comme un ruban de soie fraîche, la douleur de la chute, promesse de contusions, et une souffrance spectrale, sensation singulière de la perte d'un membre existant encore sur un plan éthéré ; mais tout son corps est saisis par cette divagation charnelle, se laissant prendre au jeu des perceptions fantômes. On lui a arraché des couches de chair et des poignées de fourrure. Et la souffrance persiste en lisière de ses nerfs, picotements par milliers prêts à fondre sur lui. Raspoutine ne se relève qu'au prix d'un grognement et d'une trémulation. Ce qui s'offre à son regard lui ôte tout intérêt pour sa douleur fantôme ou pour les grelottements parcourant tout son corps.
Des dents. Des centaines, peut-être des milliers. Des nébuleuses de dents, des constellations perlées, un cosmos de quenottes. Mille étoiles d'émail emprisonnées sous verre, tendrement renversées dans des paniers d'osier. Une prodigieuse récolte aux champs de la candeur. Fauchées à même la chair. Plusieurs années de rapts délicats. Il ne s'agit pas d'une besogne de fée : c'est un vol minutieux, industrieux, commis avec méthode. C'est ignoble de méticulosité, rien qu'à lire ces étiquettes absurdes. Un attentat à l'enfance, un tacle à l'innocence. Voilà donc où aboutissent toutes les dents de lait des pensionnaires depuis... la Rouge sait quand. Combien par bouche au juste ? Et combien d'enfants qui n'auront jamais reçu la visite de la petite sourie ? Accostés par un imposteur aux intentions obscures, volés sans même le savoir au plus profond de la nuit... Pour les plus chanceux, qui n'auront pas senti les mains du croque-mitaine se glisser à leur bouche pour déterrer l’émail à leurs tendres gencives ensanglantées, juvéniles et fertiles. Bien des cauchemars supposés doivent être devenu réalité ce soir à la lumière des évènements. Et ce n'est qu'un début, qu'une révélation peu concluante éclaircissant sans doute certains des mystères ayant marqué la Rouge ; mais soulevant bien plus de questions qu'elle n'apporte d'explications. Étendant encore le domaine de l'incompréhensible, le territoire déjà trop vaste où règnent en maître les secrets et les craintes. C'est justement celui des Cerfs. Et il est leur meneur. C'est la pensée du rôle qu'il lui faut tenir qui l'arrache à la contemplation des dents entreposées. Une fascination morbide et mêlée d’écœurement qui s'exfiltre de lui comme un brouillard trop dense. Ce n'est qu'à cet instant qu'il reprend réellement conscience de lui même et du monde alentour.
Alors seulement lui apparaît sa totale nudité. Il n'y a contre sa peau plus que l'air et la douleur des brûlures au javel- comme à chaque fois à sa sortie de l'Envers, il est tout à fait nu. Dépouillé de sa fourrure faunesque, tout juste habillé par la toison bouclée soulevée de sa chair avec la puberté ; sans les habits qu'il a voulu si beaux pour cette fête des Loirs. Sans même la pastèque cousue par Banshee sur la fesse gauche de son pantalon, petit symbole de force dont l'absence lui met une aiguille en plein cœur. Il n'a plus que sa peau et ses émanations, que la chaleur irradiée par son corps, un tissage d'odeurs, d'aura, de chair. La fureur s'est envolée avec sa forme d'Envers, mais un zeste de bestialité persiste dans sa carrure voûtée, au fond de son œil vif. Ses nerfs ne sont plus en mesure de relayer un sentiment de panique, mais c'est avec une gêne réelle qu'il couvre son bas ventre. C'est une partie de son corps trop adulte et trop incontrôlable. Tout autour, les enfants missionnés par Fange pour traquer Tête d'Ampoule sont obnubilés par le spectacle infâme, par leurs propres souffrances. Et rien qu'à voir leurs regards, Raspoutine comprend que chacun dans cette pièce devra faire face à ses propres traumatismes après les évènements- peut-être certains ont ils été confrontés à bien pire qu'à une Blanche avide. Ils ont donc suffisamment à faire pour ne pas le reluquer, encore que l'on en voit à peine plus que ce qu'il en exhibe déjà parfois à travers les couloirs. Mais il va bien devoir les y forcer, car il est chef de groupe. Qu'il ne peut pas s'éclipser le temps d'aller chercher de quoi se couvrir dans une situation pareille. Si quelqu'un se doit de réagir promptement, d'outrepasser le choc, c'est bien lui. Même totalement dévêtu et presque émotionnellement exténué ; même amoché dans sa flamboyance présumée éternelle. Même quand il tient de la braise plutôt que du feu de joie.
Il est le chef des Cerfs. C'est tout ce à quoi il lui faut se raccrocher- pour ses faons. Et pour Banshee. Pour ne pas perdre pied. Ni ce soir, ni le reste du temps. Pour supporter l’absence, s'en tenir à son rôle. Alors, tout se passera bien.
C'est tout à fait mécaniquement qu'il retrouve son sang froid, dans une longue, pesante, et purificatrice inspiration qui vient bloquer tous les canaux de sa sensibilité. Observe plus attentivement les corps et les visages pour prendre la mesure de la situation- Quenotte et sa nudité pouparde -tous les Cerfs perdent leur pelage à leur sortie de l'Envers, comme ceux de l'Extérieur se défont de leur bois une fois l'hiver passé-, Fange au bras déchiqueté, Charogne malaxant ses tempes qui doivent sonner le tocsin -bienvenue dans notre quotidien insensé- Brèche qui comme à sa christique habitude, s'empresse de tendre à son prochain une main secourable. Ils sont tous déshabillés de leur costume d'Envers. Tous terriblement jeunes et secoués par ce qu'ils viennent de vivre. Et même l'adulte, si digne en temps normal, semble perdre pied face à cette baffe de trop. Titube sur ses appuis, dans un monde en déroute. Peut-être prends t'elle enfin la mesure de tout ce qui lui échappe au sein de la Maison ; mais ils en sont tous réduits à une même incompréhension, ce soir, initiés ou pas aux mystères de la Rouge.
Qu'importe cependant. Brèche la première se met à questionner les évènements de la nuit. C'est une réaction autrement plus précieuse qu'un simple ébahissement. Cogiter sur l'énigme, songer aux ressources qui les aideront à surmonter cette crise... Son propre groupe d'après la Loir. Il n'en doute pas lui-même, à bien y songer. Au sein des archives tenues par ses faons, il y a sans aucun doute quelques détails qui leur apparaitront à tous sous un jour nouveau. Préparer ces recherches qu'ils devront mener, réfléchir à l'énigme posée par la Blanche ; c'est là un bel exemple à suivre.
Mais pas maintenant. Il ne s'agit pas de leur priorité. Ils n'ont pas les archives à portée de main, ni les dispositions nécessaire pour y chercher des réponses. Il leur faut du repos, avant toute chose. Un peu de sécurité et d’organisation- pour éviter une intervention adulte, pour retourner calmement aux Dortoirs. Ce qu'ils feront de ces dents pourra être décidée le lendemain, ou tout du moins, après que chacun ici ait pris un peu de repos, même l'espace d'une demie heure. S'ils doivent régler ce problème dans la nuit pour éviter des complications avec le corps enseignant, alors il faudra appeler d'autres enfants que ceux qui viennent de traverser cette soirée éprouvante, et gérer des équipes, penser à des mensonges à roucouler aux membres de l’Église... tenir jusqu’à l'aube avant de s'effondrer. Car il s'agit de son rôle. Et qu'il escompte le suivre jusqu'à la dernière ligne.
C'est donc avec en tout et pour tout une de ses grandes paluches pour couvrir ses attributs virils que Raspoutine s'échine à redevenir le chef des Cerfs, plutôt que l'adolescent épuisé au cœur écrabouillé qui se cache derrière sa muraille de sang froid. Il voudrait prendre le temps de parler à chacun. De remercier Brèche pour sa sagacité. De s'assurer que ses faons se portent bien tous deux ; Quenotte, passablement perdue, et Cheshire la toute étrange, la toute insaisissable. Aller soutenir Tâche qui vient de vivre un voyage forcé à travers l'Envers, sans doute son pire cauchemar. Éviter à Princesse d'avoir à ramper jusqu'à une chaise pour retrouver un semblant de dignité. Prendre en charge ce Loir égaré qui lui semble sur le point d'éclater en sanglots, car il s'agit d'un des petits de Rouge-Gorge.
Mais il ne peut pas les prendre individuellement en compte. Pas pour l'instant. Il lui faut nécessairement s'adresser à eux tous, en même temps.

- Écoutez commence t'il, en s'asseyant sur une table pour faire plus ou moins face au groupe, glissant entre ses jambes un panier festonné de rubans colorés et débordant de quenottes ; c'est ce qu'il trouve de mieux pour cacher un peu de son anatomie. Et il se pare de cette charmante corbeille foisonnante de bouffettes sans même se départir de son expression grave. De nombreuses questions se posent à nous. Des réactions s'imposent plus évidentes que d'autres- peur, colère, ou incompréhension. Mais qu'il s'agisse d'interrogations ou d'émotivité, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser libre court à l'une ou l'autre pour le moment. La situation est grave, et pas seulement dans ce qu'elle a d'étrange ; notre situation immédiate pose soucis. Nous ne pouvons pas nous permette de laisser les membres de l’Église découvrir cette réserve de dents. Ce serait risquer une intervention venue de l'Extérieur. Vous savez tous à quoi vous en tenir, à ce sujet... ce n'est pas la première situation de crise que nous traversons, ni même le premier évènement sordide qu'il nous faut cacher au plus vite.
Il y a quelques cadavres et quelques catastrophes qu'ils ont tous enterrés en se joignant les mains, à l’abri des regards indiscrets des adultes. De connivence, avec la bénédiction monstrueuse de la Rouge.
Comme à chaque fois, il va nous falloir faire preuve de méthode et d'efficacité pour éviter d'attirer une attention malvenue. Et pour ça, il est nécessaire que nous nous organisions.
<< Premièrement, comme l'a fait remarqué Bougie, il nous faut prendre en charge d'éventuels blessés. Nous avons semble t'il tous fait de mauvaises rencontres dans l'Envers ce soir...
<< Deuxièmement, certains d'entre nous sont plus fatigués que d'autres. Les plus minés, aussi bien physiquement qu’émotionnellement, devraient retourner à leur Dortoir et prendre du repos. Car dés demain, il nous faudra mettre tout ce que nous avons vu et vécu en commun.
<< Troisièmement, vandaliser ce foutoir ne servirait à rien. Nous ne pouvons cependant pas nous permettre de les laisser en place comme le suggère Bougie. Il faut trouver un endroit plus discret où entreposer ces dents, quitte à les disperser à travers plusieurs caches. Le fait que cette pièce ne soit plus emmurée n'échappera pas aux membres de l’Église. Il nous faut absolument la vider de son contenue avant qu'ils le découvrent. Et pour ce faire, il va nous falloir travailler par équipes.
<< Quatrièmement... je serais très reconnaissant à quelqu'un d'aller me chercher un caleçon, car je ne compte pas aller me coucher tant que nous n'aurons pas intégralement déplacé toutes ces dents, et j'aurais du mal à être d'une aide quelconque en me promenant les valseuses à l'air libre.

Cinquièmement, il serait bien reconnaissant à quelqu'un de lui apporter un doliprane ou de recevoir une autorisation d'une instance supérieure pour se poser avec Charogne afin de descendre en sa compagnie une bouteille d'alcool. Il en aurait tout autant besoin qu'elle. Car il lui apparaît que la soirée est bien loin d'être terminée. Tous les détails à mettre en œuvre pour régler le problème des dents avant l'aube s'accumulent dans un coin de son esprit en une pile sans fin, alors même que diverses inquiétudes cherchent à le paralyser. Pour commencer, comment convaincre Charogne de garder le silence quant à ce qu'il est advenu ce soir... ? La meilleure solution serait encore de lui apporter le verre qu'elle désire, accompagné d'un bon somnifère. Ou bien suffisamment de spiritueux pour la plonger dans le coma, le temps qu'ils aient fini de disperser cette horrible récolte. Lui même aimerait pouvoir s'autoriser un répit de cette sorte. Au lieu de quoi, il s'emploie à dresser calmement  la liste de ce que cette soirée leur a apprise.
Un, quelqu'un vole les dents des pensionnaires.
Deux, cela fait déjà plusieurs années.
Trois, quel que ce soit le but de cette personne ou de cette chose, sa volonté entre en confrontation avec celle de la Maison.
Quatre, certains habitants de l'Envers en savent à priori plus que nous.
Cinq, certaines choses qui ne nous ont jamais interpellées jusqu'à maintenant sont peut-être liées à ce voleur de dents, et sans doute y a t'il d'autres signes que nous avons manqué.
Six, il est en capacité de nous entraîner dans un Envers différent de celui de la Maison... et de nous en sortir tout aussi brutalement.
Sept. Si Banshee n'est pas intervenu ce soir, c'est qu'il n'est pas en mesure de se manifester.

Et c'est avec toute les peines du monde qu'il doit lutter pour ne pas laisser l'inquiétude, la douleur et le désespoir le submerger face à cette dernière constatation. Qu'il s'y emploie avec tout ce qui lui reste pour soulever sa carcasse, avec la seule chose en ce bas monde à ne jamais lui faire défaut, même quand il le faudrait.
Allez, on se bouge.
Les mots.
De l'air, de la salive, et une pincée de mirage.



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