Elle est sycomore, quand ils l'imaginent brindille. Et d’ailleurs ils ont hésité, mais ses deux yeux bleus de chien battus ont pris le dessus. Alors elle baisse la tête et elle accepte, puisqu'ils l’ont accepté. Elle qui n’est rien. Ni personne. Quand personne n'en a voulu. Plus chiens errants que cygnes, tanière qui regroupe les boiteux permis les boiteux. Le dortoir des cygnes a des allures de fourrière et ça lui plaît. Plaisait.
Cette nuit pourtant il est froid, il est presque glacial quand elle entend les pleurs d’un petit garçon. Des cheveux blonds et une voix plus tremblante que la veine d’un oiseau. Elle s’approche, délicate, comme un fantôme du passé.
Elle se souvient de la peur, qui l’a étreint, une nouvelle, frémissement incertain. Son corps devenu de glaise, de rouille et d’os. Le sacrifice pour la paix. La Grande Rouge, affamée se nourrit de phalanges toutes aussi terrifiée. Sous sa tête blonde elle a prié. Sangloté intérieurement. Le courage est comme de l’eau il s'infiltre entre ses doigts. Et la peur comme le sable qui lui s’amoncelle. Alors quand ils ont choisi le petit boiteux elle n’a rien dit. Elle aurait pu – non, du, se porter volontaire. Mais Petit Chien est lâche, si lâche que les mots eux aussi se perdent sur le bleu de ses lèvres.
Sans mot dire elle s’installe contre la petite masse, le petit sacrifié d’une meute clairsemée. Elle cherche son front, s’étire, s’étire pour paraître plus grande, plus tendre, plus rassurante. Sycomore. Elle cherche ses larmes et les essuie comme elle peut. Comme elle veut.
Chhh… Je suis là.
Et elle voudrait si fort que ce soit suffisant. Mais ça ne l’a jamais vraiment été. Elle se contente de l’espoir, de cette possibilité unique. D’une vision d’un destin qu’elle voudrait prophétique et non fantasmée. Petit Chien s’essouffle en désordre d'humanité.
Ça ira mieux maintenant. Je promets. De ces promesses d’enfants qu’on croit éternelle, elle jure, patiente aussi dans le silence de la nuit. Elle restera là, car elle l'a décidé. Et elle oublie sa propre peine si risible sur l’instant. Petit Chien est sycomore.
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Mer 20 Sep - 20:30
A cette soupape, cette sainte atèle, j'aurais pu encore dire non
massacré bousillé déshonoré oublié désenchanté désillusionné frappé en plein coeur au revoir adam- bonjour richter bienvenue dans ton enfer la flamme dans sa caverne s'est éteinte- la peur l'a fait vibré car après tout ce n'est qu'un enfant tremblant palpitant bégayant vivant mourant collant chantant dans un choeur qui est lui bien lâche, après tout il n'est qu'un petit nouveau après tout, il en est la parfaite incarnation de ce cygne ((peut-être un peu trop noir pour la blancheur lumineuse de leur plumage)) comme tous, il a eu peur il s'est crispé sans vraiment savoir à quoi s'attendre c'est que des conneries et des sottises, elle ne viendra pas il en était persuadé et d'un autre côté si c'était le cas, pourquoi aucun enfant n'avait pris sa place pour frimer ((il se disait que ce n'était pas le genre de la maison que ce groupe dans lequel il était tombé préférait les silences de la discrétion)) mais il n'était qu'un e f f a c é parmi tant d'autres et son sang avait giclé parmi tant d'autres il avait pleuré parmi tant d'autres il avait hurlé parmi tant d'autres après tout- ce n'est qu'un enfant petit blond un peu frêle recroquevillé dans son lit, éveillé par peur que les cauchemars l'attrapent et le bercent d'une horrible manière il sanglote en reniflant c'est pas très propre mais il a eu si peur il a été confronté à ses démons il a compris que dieu l'avait envoyé ici pour purifier diminuer le massacre mais c'est si lourd pour de si jeunes épaules après tout- ce n'est qu'un enfant certains roupillent, sans doute que d'autres font semblant de ne pas l'entendre ainsi va la vie bienvenue dans le jeu de la survie il ne s'attend pas à ce que le matelas s'affaisse sous un poids léger ça lui donne quelques frissons et il renifle il a mal à la poitrine à la tête et au palpitant tout son être est à vif visiblement et toi- caresse d'une vague sans sel (il ne ressent pas ce dernier qui s'infiltre dans sa plaie tu es comme de l'eau douce) et le murmure, un mince bruissement une voix de fille un peu soufflée chuchotements de tendresse il s'y accroche avec détresse comment peut-on promettre un futur- il en a assez de ces gens qui ne pèsent plus (pas) les mots après tout- vous n'êtes que des enfants il dégage ta main-attrape le poignet mais ne se résout pas à la lâcher il répond dans un hoquet les syllabes bégayées m-me touche pas. une main intacte l'autre bandée la voilà sa putain de destinée
Et dans cette voix elle entend, détresse et fierté, courage émaillé. Elle voudrait comprendre, Petit Chien, ce que ça fait d’avoir des blessures d'égo. Des choses contre lesquelles elle pourrait s'indigner. Mais elle préfère être un pansement – elle se voudrait remède, plutôt qu'une voix sur laquelle on peut compter.
Elle trouve ça beau, les bobos, la peau déchirée, les cicatrices de guerriers, Elle préfère penser et se dire que ce petit cygne là s’est suffisamment battu pour obtenir un peu de paix. Alors Petit Chien murmure : D’accord. Elle ne s'offusque même pas quand il repousse ses doigts, qu’il conserve son poignet, qu’il se recroqueville encore un peu plus. Petit Chien appuie sa joue contre l'oreiller, elle ferme un œil, puis l’autre. Essaie de deviner les contours de son visage, bonhomme, enfant, oiseau, qu’importe.
Elle aime entendre les frémissement et les tressautements de ses phrases. Elle l’imagine artiste, danseur lui aussi, sauf que ce ne sont pas jambes qui esquissent, mais les mots qu’il prononce à l’arraché. Petit Chien voit le beau en premier.
Elle voudrait aussi attraper sa menotte entre ses doigts, les tenir et lui montrer que c’est pas la fin du monde. Les phalanges ça repousse pas, c’est vrai, mais les mains ça sert toujours à tenir les choses auxquelles on tien. Promis. Juré. Elle ignore, Petit Chien, que ce genre de mots ça ne rassure pas. Elle essaie juste très fort de lui faire oublier. De lui montrer le monde comme il est beau quand on est deux paires d'yeux à le contempler.
Tu veux que je te chante une chanson ?
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Dim 1 Oct - 20:23
A cette soupape, cette sainte atèle, j'aurais pu encore dire non
son anglais est fragile, à lui petit français il absorbe les sons, retient les mots les plus importants il connaît un peu cette langue, après tout "papa" disait que tout homme d'affaire devait la maîtriser mais c'est pas vraiment naturel, il est trop blessé trop embrumé pour vraiment tout capter ((il a le droit pour cette fois, de dormir avec une fille non ?)) après tout vous n'êtes que des enfants, des adultes encore endormis qui se réveilleront dans quelques années l'innocence prime, rien de malsain dans des douceurs pleines de sucre et ça sonne joli, ça sonne comme une mélodie ces enchaînements de mots et de phrases ça parle de chanson ((song)) il relâche le poignet et place ses doigts en suspens dans l'air dans l'obscurité, cherche ta joue et demande je p-peux ? et sans attendre la réponse pose sa main tremblante sur ta joue pour sentir la vie sous ses doigts sentir la chaleur de tout ce qui n'est pas mort sentir l'être humain, et prendre sa vitalité pour combler le manque de la sienne