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La peau écorchée et l'âme à vif - Oubliette
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Jeu 17 Aoû - 2:52

La peau écorchée et l'âme à vif
- Feat : Oubliette
La chute n’est pas rare chez les somnambules. Encore moins chez ceux qui le sont à l’état d’éveil. Monde retourné. Il n’est pourtant pas l’Envers. Peu l’Endroit.
Marche lente. Existence flou. Le temps ne file pas de la même manière pour les autres. Trop rapide pour Fantoche. A peine a-t-elle le temps de poser son regard qu’il n’y a déjà plus rien à observer. Les autres ne sont que des présences confuses tandis qu’elle avance, un pas après l’autre, sans le moindre son sous ses minuscules chaussures de poupée. Parfois, sa tête parait dodeliner. Sa marche ondule, vacille, frêle et pourtant, si légère. C’est comme si elle peinait à avancer, c’est comme si, à chacun de ses pas, Fantoche risquait de s’envoler.

Petit être aérien. Sans consistance.
Vide.

Creux de toute conscience, lorsqu’elle s’est écroulée. Sans contrôle.
Pantin désarticulé. Celui qui avait cru pouvoir voler.

Quelques minutes, tout au plus. Avant que ses paupières ne se soulèvent difficilement, le corps mou. Fantoche se redresse à la manière d’un mort. La joue est écorchée, frottement, mais, ce n’est pas son genou. Le rouge apparait et s’étend. La petite dame reste un long moment comme ça, assise, les jambes étendues, ébouriffée et une partie de sa jupe remontée sur ses cuisses, à observer silencieusement sa plaie. Elle l’effleure, du bout de ses doigts, teintant sa peau, avant de les porter à ses lèvres. Odeur de métal. Âpre. Familier.

Il faut soigner. Avant que l’épiderme, tout autour, devienne rougeâtre et gonflé. Ça lui arrive trop souvent. Ça pique. C’est désagréable. Fantoche n’a pas envie que la marque reste. Quand elle se redresse, un mince filet serpente le long de sa jambe, caressant celle-ci, jusqu’à se perdre dans creux retroussé de sa petite chaussette blanche. Elle boit. Malgré elle. Sans pour autant se noyer. Il n’y a pas assez de liquide, bien heureusement.
Ce serait trop ennuyeux à nettoyer.

Toc toc sans réponse. Encore une fois. La grande porte du Sépulcre ne s’ouvrira pas. Sont-ils occupés ? Ou alors absents ? Malgré ces possibilités envisageables, Fantoche demeure là, en cette même position. Droite, devant le cadrant. Menton levé, attendant le moindre mouvement. L’oreille attentive au moindre son.
Fantoche est capable d’attendre longtemps, dans l’immobilité la plus totale. A moins que la torpeur du sommeil vienne la chercher, cependant, il n’en est pas encore question. Pendant ce temps, le fil rouge de sa jambe se fait moins vif. Sa joue, sa pommette, en revanche, commence à enfler. Fantoche ne pleure pas. Elle n’a pas si mal. Et, même si c’était vrai, elle ne le ressentirait qu’à peine.

C’est peut-être même le cas, actuellement.

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Dim 20 Aoû - 17:34


LA PEAU ECORCHEE
ET L'ÂME A VIF
Feat Fantoche
Le train du sommeil ne siffle pas trois fois | Tu es tout seul, Oubliette, et parfois tu as l’impression de l’avoir toujours été. La nuit, parfois, tu ne dors pas. Qui t’en empêche ? Quand on te le demandes, tu réponds que c’est à cause de tes meilleurs ennemis. Eux, les tordus, les minables, les erreurs de la nature, ils viennent parfois pavaner devant l’écran de tes paupières qui n’est pas assez noir pour empêcher la lumière de filtrer et de troubler ton endormissement. Et eux, ces monstres, ils ne vont que retarder davantage ce moment où enfin, tu sombreras dans une saine torpeur; au moment où tu pensais t’endormir enfin, ils commencent une danse macabre devant tes yeux pourtant fermés. Mais tu auras beau serrer les paupières et les poings jusqu’à entendre ton sang pulser dans tes tempes, cela ne changera rien, car « ils » sont toujours là. Les créatures de tes cauchemars ne partiront pas. Et tu te dis qu’il vaudrait mieux te laisser basculer dans cet Ailleurs. Car tu ignores que « là bas » est pire encore qu’ici, dans ce dortoir aux lits de métal, où les respirations de tes camarades endormis te semblent être le souffle d’une créature gigantesque et hostile, qui se nourrit des mauvais rêves des enfants?

Le train du sommeil est en train de d’échapper.
Alors tu te lèves.

Tu te lèves et tu te diriges à pas de loup vers la grande porte du dortoir. Quelques mois passés dans la Maison ne sont pas les quelques années d’expérience que certains enfants qui ne sont plus des enfants ont amassé au fil du temps; mais pour toi, c’est suffisant pour connaître les moindres rouages de cette porte; pour savoir que si tu appuies sur la poignée avec cette pression de la main, cette lenteur contrôlée, alors elle ne grincera pas.  

Le train du sommeil s’est enfui.

Tu ne sais pas où tu vas. Tu te demandes déjà pourquoi tu t’es levé de ce lit qu’au bout de plusieurs mois, tu as enfin réussi à trouver confortable. Mais cette escapade nocturne fait naître un léger et réconfortant sentiment de déjà-vu. Le chemin que tes petites jambes suivent sans que tu ne le leur demandes a aussi quelque chose de doucement familier, comme si tu rentrais chez toi après plusieurs semaines d’exil. Au fond de toi, tu sais où tu vas. C’est un endroit que tu aimes. Une sorte de havre de paix, pour peu que tu parviennes à t’y trouver seul.

Un moment passé derrière la porte de bois, au sommet de l’escalier escarpé, t’apprend que non, ce ne sera pas pour cette fois. Car le grenier est occupé. Tu entends deux voix masculines; et là bas, au fond, un timbre plus aigu mais plus sec, celui d’une fille. Tu attends derrière la porte; la déception s’insinue en toi jusqu’à te persuader à renoncer à ce lieu sacré et à faire demi tour. Mais le Grenier ne t’en laisse pas le temps; il faut croire qu’il a besoin de toi, car il s’ouvre en grand comme pour t’inviter à entrer. Mais derrière la porte se cache une silhouette trapue à la mine peu amène. Le regard du Rat - car c’en est un, tu en es persuadé -, ce regard te transperce comme pour tenter de sonder tes intentions. Mais cela ne dure qu’une seconde, car le gamin croit très vite t’avoir percé à jour.

« Eh, les gars, les murs ont des oreilles ! », il s’exclame, le gamin.

Les deux autres fondent sur toi comme les créatures de tes cauchemars. La lumière des lampes de poches laissées à l’intérieur de la pièce leur donne l’air de deux gnomes et d’une harpie, êtres malfaisants au regard déformé par la joie maligne d’avoir capturé leur proie.

« Et les oreilles indiscrètes, qu’est-ce qu’on en fait ? », continua le gamin d’une voix grêle d’où perçait une pointe de sadisme.

« On les coupe. » Le timbre féminin était bien plus sérieux, plus glaçant aussi. Comme si la fillette avait vraiment eu l’intention de mettre ses menaces à exécution.

Et toi, tu es trop fatigué pour ressentir de la peur. Tu es conscient d’avoir surpris un conciliabule de la plus haute importance pour ces trois renégats, mais en ce moment précis, les petites affaires des Rats te laissent dans l’indifférence la plus complète.

« Je vais partir… » articules-tu d’une voix blanche.

C’est vraiment ce que tu comptes faire. Le train du sommeil s’est soudainement revenu en pleine face. Il est sur le point de te terrasser et l’aurait peut être fait en cet instant, s’il n’avait pas été devancé par le premier gnome qui croit utile de te pousser de ses deux petites mains boudinées en grognant avec toute l’animosité dont il est capable: « C’est ça, dégage, pouilleux! »

L’escalier escarpé qui forme un gouffre derrière toi se rapproche à une vitesse qui paraît vertigineuse à tes yeux fatigués qui te voient t’écraser à mi-parcours et continuer de rouler en tombant, comme si chacune de ces marches avait expressément exigé que ton corps désarticulé vienne toutes les effleurer avant d’atterrir au sol, enfin.

Te voilà bien réveillé, à nouveau. La douleur a chassé le train du sommeil. Et tes membres cabossés peinent à te porter jusqu’à ton dortoir. Tu sens quelque chose le long de tes tempes. Tu y portes la main comme pour chasser un insecte. Ton index est écarlate. Tu le portes machinalement à tes lèvres pour en sentir la saveur métallique, tiède. Là aussi, sentiment de déjà-vu.

Le courage te manque pour aller te recoucher, et tu as peur de tâcher tes draps. Arrête toi, arrête toi, mon petit, tu vois bien que tes pas t’ont porté là où il fallait. Tu n’as qu’à tourner à l’angle de ce couloir et tu trouveras l’entrée du Sépulcre. Un endroit que tu connais bien, et qui n’est jamais synonyme de plaisir pour toi, je le sais bien, mais fais un effort, quoi, tu vois, tu saignes, il ne faut pas laisser ça comme ça, ce n’est pas raisonnable, ne fais pas comme d’habitude, en plus il fait tout noir dans ce couloir, tu ne vois rien et tu as mal, un peu. Je sais que tu as vu pire, mais ne tentes pas le diable et laisse toi soigner. Pour une fois, petit, laisse toi soigner par quelqu’un qui te veut du bien.

En parlant de ça, tu vois, il y a quelqu’un d’autre ici. Mais n’aie pas peur d’approcher. Tu vois bien que ce n’est qu’une enfant. Elle est blessée, comme toi. Elle fait ta taille. Tu vois, vous êtes pareils.  Approche-toi. N’aie pas peur…

« C’est fermé ? »

Là, c’est quoi qui vas tu faire peur. Tu ne te rends pas compte, ta voix est sortie de nulle part, tu vas la surprendre, c’est sûr. Le silence commençait à devenir pesant. Pourtant, tu aimes bien ça, toi, d’habitude, le silence.
© FRIMELDA


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Lun 28 Aoû - 10:37

La peau écorchée et l'âme à vif
- Feat : Oubliette
Fantoche prend son temps pour réagir. Elle somnole, là, debout dans ce couloir désert qui ne l’est plus tout à fait. Battement de cils. Battement d’ailes, comme celui d’un papillon. Elle émerge, tout doucement. Elle tourne la tête. Ses yeux sont grands pourtant, le noir de sa pupille bouffant le caramel dans l’obscurité, mais l’expression est là, épuisée. Fatiguée. Fantoche peine à mettre un nom sur le visage qu’elle voit. Elle l’a déjà vu, c’est sûr. Presque sûr. Il erre, parfois. Au loin. Un Loir ? Un Cygne ? Quelle importance. Elle ne sait plus. En revanche, elle remarque bien plus vite à quel point il est écorché. Plus qu’elle.

Et elle réalise à peine la question.
Fer…mé ?
Oh.

Elle tourne la tête vers l’immense porte. C’est fou comme elle lui parait gigantesque, tout à coup. Elle a beau tendre l’oreille, elle n’entend toujours personne au travers. Alors, son regard de caramel dilué se repose sur le garçon. Quelques secondes. Puis, elle hoche la tête. Oui oui qu’elle fait, petite poupée, ses fins cheveux pâles voletant à peine. Il est pâle lui aussi. Malade ? Non. Ça semble naturel. Petitement, son crâne penche sur le côté. Elle l’observe. Il est sombre. Ombre miniature. Petit fantôme malingre. Tremblant peut-être, à moins qu’il ne s’agisse de sa vision troublée de fatigue. Néanmoins, outre la vue, qui est ce qu’elle est, entre la torpeur perpétuelle de son corps, et l’obscurité du couloir, il y a ce sentiment, cette chose, étrange qui ressort de cet être qui lui fait face. Fin froncement de sourcils, subtil, à peine perceptible. Bref, aussi. Pas plus d’une demi-seconde. Le faciès de Fantoche se meut avec pudeur, parcimonie. Comme ses gestes, et cette certaine langueur qui en transpire. Elle est là, bien présente, alors qu’elle tourne les talons, progressivement, vers la créature d’oubli, qu’elle avance d’un pas, puis de deux.

Creux.

Le garçon lui donne l’impression d’un être creux. C’est curieux. Ça lui donnerait presque envie de sourire, sans même savoir pourquoi. Mais elle ne sourit pas, pas plus qu’elle ne cherche à comprendre la raison de ce sentiment. Alors, elle tend juste les mains, ses paumes rondes. Elle les élève lentement, comme si le moindre geste lui demandait un effort considérable. Et ses petits doigts, si fins, si blancs, vont se poser sur les joues de ce garçon aussi blanc qu’elle. Fantoche se met sur la pointe de ses pieds minuscules, maladroite, elle vacille presque. Hésite. Puis, elle lève le visage, tend les lèvres, en attirant le petit fantôme à elle.

Un baiser fin. Volatile. Contre sa tempe rougie. Les mêmes rougeurs qui viennent orner ses lippes pâles. A défaut de soins au Sépulcre, Fantoche espère faire marcher un peu de fantaisie. Comment dit-on déjà ; bisou magique ? L’échange est tremblant. Frêle. Mais, sans peu d’intentions. Elle a le geste tendre, Fantoche, quand bien même elle parait éthérée, si peu présente. Esprit aérien. Alors, que se passe-t-il lorsqu’un fantôme en rencontre un autre ? Elle ne le relâche pas, elle le tient à peine de toute manière, le bout de ses doigts contre son épiderme fin. Elle le regarde, juste.

Attendant de savoir si elle lui a fait mal, ou si la magie a, finalement, opéré.




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