C'est très bruyant aujourd'hui. Probablement encore l'oeuvre des Rats... Caillou ne saurait le dire. Il ne prête pas tant attention à ce qui se passe hors des dortoirs. Et surtout, il évite de trop s'attarder en terrain exposé, comme il aime à se le décrire. Ce genre de terrain où toute rencontre inattendue peut virer à l'incident. Pas facile quand on habite avec d'autres gamins tous aussi turbulents les uns que les autres. Alors Caillou essaie de conserver sa routine. Réglée comme du papier à musique. Se lever, se laver, aller manger, puis sortir dans la cour ou dans le potager. Tout ça en un temps record et en longent les murs, la tête basse. Caillou n'est pas un bavard.
Caillou s'exprime différemment. Il aime bien griffonner. Faire de petits croquis de tout et rien, plus ou moins réalistes, dans son petit carnet au cuir tout rappé. Si la plupart d'entre eux ne représentent que de brefs instants de vie de la Nature, d'autres tendent à ressembler à quelques portraits de ses congénères vacants à leurs occupations. Tout du moins quand il n'est pas trop occupé à leur jeter son carnet - ou plus communément des Caillous - dans la tête, lorsque les dîtes-occupations le hérissent.
Peu de risque toutefois que cela n'arrive ce matin. La cours est presque déserte. Quelques chuchotements par-ci et ricanements par-là, mais rien de bien méchant ou inhabituel. Jusqu'à ce qu'un fracas du diable ne se fasse entendre près de la grande porte. Caillou sursaute et s'empierge, tout en essayant de regarder derrière lui. Mais il ne voit pas grand chose d'autre que les cailloux et la poussière du sol sur lequel son nez vient tout juste de s'écraser.
- AÏÏÏE !
Peut-être que quelqu'un l'a vu, là-bas dans son coin. Ou peut être pas. En tout cas Caillou se relève bien vite, les genoux et le nez endoloris, tout en s'époussetant. Puis il aperçoit deux autres pieds près des siens. Puis une main tendue vers lui. Un caillou, en son centre.
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Sam 9 Sep - 15:36
Comme on a un moment de solitude, tu penses quoi d'être toute seule ? Je te dis ça parce que tu n'as pas d'ami ici. Oh oui, je sais, tu n'as aucune envie de t'en faire, ça ne t'intéresse pas et tu les détestes tous. Et tu veux voir papy et mamie. Oui, naturellement, mais le temps risque d'être long, avant qu'ils viennent, s'ils viennent. Et on sait tous les deux qu'ils ne viendront pas. Ce pays est trop grand, et tu t'y es perdue, en territoire, ennemi, c'est toi qui le dit toujours, et, hein ? Je te déconcentre ?
Mais tu fais quoi en fait ? Ah, oui, pardon. C'est vrai, à force de trop discuter, j'en oublie que tu es cachée dans les fourrés. Rappelle-moi juste pourquoi on est ici ? Tu ne me l'as pas dit au final. Mm. Effectivement, je me souviens de l'agitation de ce matin. Et du coup, je comprends bien que tu veuilles te trouver un petit coin tranquille et isolé, le temps que ça passe. Tu vas faire quoi, par contre, pour ne pas t'ennuyer, cachée dans ta broussaille ? Note bien ; tu es contre le mur de la maison. Tu pourrais faire un petit dessin. Tu as pensé à prendre de la peinture et un pinceau ? Non ? C'est vraiment, vraiment dommage.
Oh regarde ! Un autre qui a eu la même idée que toi ! Pas dessiner, car ça, justement, tu n'en as pas eu l'idée, mais d'aller dans la cours. On le connaît, lui, non ? Non. Non, en fait ça tête ne me dit rien. Il est grand, il doit avoir le double de ton âge. Il est proche ! A peine à trois mètres. « Mao. » Non, non, ne t'inquiètes pas, ça va aller, il ne t'a pas vu. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas un loir. Un rat ? Non, pas assez agressif. Un cerf ? Pas assez prétentieux. Un cygne alors ? En y regardant bien, il semble faible et un peu perdu. C'est sans doutes un cygne, donc.
Oh misère de nom de nom de c'est quoi ce bruit ! « Mao Mao Mao Mao Mao... » Non ! Ne bouge pas, ne dis rien ! Ah. Ah ? On a lancé des pierres. Ça ressemble à une bagarre. Tu crois ? Je ne sais pas. Vite commencé, vite fini, et sans doutes que ça se relancera bien vite.
Le cygne est tombé. Il s'est pris un projectile ? Je n'ai rien vu, tu as vu quelque chose ? On fait quoi ? S'il reste là, il va nous voir. Quitte à être vu, autant agir. Tu ne crois pas ? Je dirais qu'on a le choix : on fuit, on - Où tu vas ? Pourquoi tu sors de ta cachette ? Pourquoi tu prends cette pierre dans ta main ? Cette grosse pierre, même pour toi ? Pourquoi tu t'avances vers le grand garçon ? Avec cette pierre ? Tu me fais presque peur.
Tu es droite devant lui. Il te dépasse, et de beaucoup. Tu le regardes droit dans les yeux. Il baisse la tête. Et regarde tes mains. Tu lui tends ta pierre. Un autre projectile tombe à côté de vous deux. Je crois qu'on a hurlé : « Et zut, loupé ! » « Mao Mao ! » Tu lui donne le caillou et désigne un camp. Il semblerait que quelques enfants s'amusent à balancer des trucs sur d'autres, qui traînent dans la cour. Un groupe uni contre plusieurs enfants dispersés, pris par surprise. Il faut mettre en place la riposte. C'est pour ça que tu lui donnes ça, n'est-ce-pas ?
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Lun 18 Sep - 14:12
Il reste fixé un moment sur le caillou puis son regard, quelque peu perplexe, remonte progressivement jusqu'au visage associé à cette main tendue. Une fille. Petite. Il ne l'avait pas vu arriver. Caillou ne savait pas depuis quand elle était près de lui. C'était certain qu'elle l'avait vu tomber, puisqu'il se relevait encore à cet instant même. Alors il la regarde tout aussi fixement qu'elle ne le regarde. Caillou n'aime pas ça, être regardé comme ça par les gens. C'est comme s'ils cherchent à te déshabiller du regard. Et Caillou est pudique. Très pudique. Mais elle ne semble pas très bavarde. Son air obstiné et son bras qui gigote vers Caillou pour qu'il prenne ce caillou, en revanche, semblent montrer de l'entêtement.
Mais Caillou n'a pas le temps de lui demander ce qu'elle veut, qu'un projectile tombe à leurs pieds sous les ricanements de plusieurs enfants. Et la fille commence à miauler. Comme un chat, si si ! Et elle s'anime alors en montrant une direction opposée au ricanement, brandissant son petit caillou. Est-ce qu'ils lui ont lancé sur elle ? Est-ce qu'elle veut lancer des cailloux elle aussi ? Caillou ne sait pas. Mais elle n'a pas l'air bien méchante, alors, où est le mal ?
Alors il prend enfin la caillou tendu, un air résigné, de défis, sur le visage.
- Viens avec moi, lui dit-il en secouant la tête vers le camp désigné. Ils vont voir ce que ça fait que de lancer des cailloux sur les filles. En plus, ils savent même pas viser !
Il se met à courir en direction des buissons, pour se mettre un peu à couvert et surtout rassembler des munitions.
- Il faut chercher des petits cailloux comme ça, comme celui que tu m'as donné. Pas trop gros parce que sinon c'est trop lourd à lancer et pas trop petits sinon ça va trop loin et ils sentiront rien.
Puis il s'arrête un instant et la regarde attentivement.
- Hm. Oui... euh je crois que tu n'as jamais lancé de cailloux. Mais je vais te montrer c'est pas grave. Mais il faudra bien que tu restes à l'abri, sinon ils vont te viser que toi, parce que tu es une fille...
Et le Caillou d'ordinaire peu bavard devient alors intarissable. Toute une passion, le lancé de Caillou.
- Hé, tu t'appelles comment au fait ? Moi, c'est Caillou.
Qui l'eu cru...
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Lun 18 Sep - 19:57
C'est vraiment, vraiment dommage que tu ne parles pas l'anglais. Tu aurais pu comprendre ce qu'il te raconte. Mais tu comprends qu'il semble t'indiquer une direction, et de le suivre. Ce n'est pas exactement ce que tu voulais, donc tu hésites. Il était là pour balancer une pierre, pas détaler comme un lapin. Après, peut-être aussi qu'il veut opérer un repli stratégique. Quoi qu'il en soit, plus par instinct que par envie, tu le suis.
Ah mais oui, c'est plus clair ! Il prépare un stock à envoyer sur l'ennemi. Comme l'URSS. C'est important d'avoir plus de munitions que l'ennemi, il a raison.
Il s'accroupit, désigne des pierres, te regarde, tu le regardes. Il y a quelques mots qui semblent familiers. Et d'instinct, tu peux comprendre que quand il montre la pierre que tu lui as donné qu'il en faudrait d'autres des comme ça. Et il y a un mot qu'il répète en boucle. Ka-i-ou. De l'anglais, mais ça n'a aucun sens pour toi. « Mao ? » Ah non, moi, aucune idée. J'en sais rien. Voyons, qu'est-ce qu'un enfant répéterait en boucle ? « Mao Mao Mao Mao. » A part ça, évidemment, t'es maligne tiens.
Comme tu n'es pas sûre qu'il a bien compris l'objectif de la manœuvre, tu le montres du doigt, tu montres le groupe qui lance des pierres, tu en prend une qui traîne au sol, puis tu la lances avec toute la force que tu peux déployer dans leur direction. C'était un petit projectile, qui a touché la jambe d'un grand, mais sans lui faire grand mal. Il riposte en t'en envoyant un qui file à quelques millimètres de ton oreille. Ah non, il n'a pas fait que la frôler. Ouh, ça va Laura ? Oui, oui, pas le temps de négocier des futilités identitaires, tu as l'oreille toute rouge. Tâte, pour voir où ça fait mal. Il y a eu plus de peur que de mal, mais sois plus prudente à l'avenir, hein ! « Mao Mao... » Oui bon ben ça va ! Là, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même !
Tu regardes l'enfant en te tenant l'oreille. Tu pointes ton torse. C'est le moment émouvant des présentations, c'es ça ? « Mio Leuz. »
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Ven 20 Oct - 22:34
La fillette semble à la fois attentive, mais aussi un peu perdue... Peut être que Caillou n'a pas été assez clair. Pourtant pour lui, ça semble très simple le lancé de caillou ! Et surtout, elle continue à miauler. Ça, ça intrigue beaucoup Caillou. Peut-être qu'elle se prend pour un Chat, qui sait ? Caillou hausse légèrement les épaules : après tout, ce n'est pas bien grave.
En tout cas, elle lui montre qu'elle a bien compris le sens de la manœuvre et lance son premier caillou. Un large sourire s'étend sur le visage de Caillou : elle a fait mouche ! Du premier coup ! Un talent caché peut-être ? Mais les projectiles ne tardent pas à fuser en sens inverse. Et le camp adverse semble plutôt adroit. Les hostilités sont bel et bien ouvertes !
La fillette se tient l'oreille, rougie par le coup. Caillou fronce le nez. Aïe, ça doit faire mal. Elle semble vouloir communiquer. Un bout de miaulement. Et un nom bizarre. Miau Leuz ? Original.
Caillou la prend par le bras, tout sourire, et la tire accroupi derrière le buisson.
- Aller Miau Leuz, cache-toi ! Parce que sinon tu vas avoir l'autre oreille toute rouge aussi !
Le premier camp adverse se trouve droit devant. Mais on dirait bien aussi qu'il y en a un autre encore un peu plus clandestin et bien moins organisé, sur le côté droit. Si les deux se liguent contre Caillou et la petite Miau Leuz, leur situation risque de devenir compliquée. Caillou analyse la situation un instant. Hm. Les grands sont plus dangereux. Il faudrait rallier le petit camp à leur cause. Ça, ça pourrait être une bonne idée !
Caillou se lève d'un coup et cri dans leur direction.
- Hé vous là-bas ! Venez avec nous ! On pourra battre les grands comme ça ! En plus, moi je sais bien lan...
Il s'accroupi bien vite avant de se prendre un caillou dans le front. Un coup d'œil entre les feuilles des buissons : ça à l'air d'aller.
Il chuchote alors à Miau Leuz : Tire sur mon pantalon si tu vois quelque chose !
Et il se relève encore.
- Moi je suis une super lanceur de caillou : c'est pour ça que je m'appelle Caillou ! Et Miau Leuz elle vient de toucher un Grand ! Ca vous dit ?
Il ne s'attarde pas la tête en évidence. Mais il espère bien que ça portera ses fruits !
