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personnage : Géorgien emplit de TOCs et phobies. Jambe cassée, accro a la nicotine, violent. Ancien soldat de pacotille, il avait le crane rasé, mais ne rase désormais plus que les cotés de ses cheveux. Excellent en Histoire. Supposément intelligent. Avait une milice d’éclopés maintenant dispersée.
Ne touchez pas son cou.
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| La nuit c’est le moment des emmerdes. Tout ceux qui se lèvent, tout ceux qui se promènent dans la Maison deviennent des animaux. C’est pour ça que tout les Cygnes sans exceptions, mon Petit Chien compris, se parquent chez eux, immobiles après le couvre feu. Les Cygnes égarés font des animaux fragiles. Moi aussi j’obéis aux Lois, à ma façon. La nuit je sors une partie de la meute de canidés galeux, ceux qui veulent, et si on va pas jouer aux cartes ou consommer des boissons de Cerf, on a souvent des comptes a rendre. C’est le cas ce soir. Un Loir nous a floué, on avait négocié pour l’exfiltrer du Sépulcre en échange de quoi il devait y avoir 4 cartouches de cigarettes pour nous. Et on avait bien reçu les cartouches. Vides. C’est pour ça que j’avais envoyé les volontaires le chercher et que je m’y étais mis aussi. Histoire de montrer qu’un deal est un deal et que plaisanter la dessus c’est vraiment une chose que je fais payer.
J’avais décidé de m’attribuer l’endroit le moins rassurant de la Maison, après le Sépulcre sans doute, le sous sol. C’est ce sous sol qui je parcoure avec une lampe torche un peu pourrie mais vaillante, chemise a carreaux et treillis pour mes vêtements. Je sais que je met les pieds dans un territoire que l’Envers conquiert facilement. Ici il fait tomber les tombants et sauter les sauteurs. Sauf qu’il n’a pas - ou n’a plus- de prise sur moi. C’était ici que j’étais tombé la première fois. J’avais bu une de ces fichues liqueurs de cerf et je cherchais quelque chose ici. Sur le coup j’avais cru a un rêve, ou a une hallucination, mais avec le temps, les discussion et la Nuit des Contes, j’avais compris ou je m’étais retrouvé.
C’est un souvenir fort, exaltant et désagréable a la fois. Comme si, en étant ici, la Maison attendrait le moment propice pour m’avaler. Ces murs je les sens presque palpiter, vivants, abritant un millier d’yeux et la Forêt. J’ai souvent entendu parler de cette Forêt, mais elle se refuse a se montrer a moi et s’y refuserais sans doute toujours. Je ne suis pas vraiment vexé ou déçu. Mon monde est suffisant ici. Et si replonger signifie retourner dans le Jour du Carnage, autant ne jamais replonger. Je suis en alerte. Une écoute de mon environnement que mon père avait essayé de m’apprendre et que j’avais essayé d’utiliser pour fuir ses crises. Deux tarés vivant cote a cote, faut bien avoir des techniques pour que les deux survivent.
Cette écoute me permet d’entendre des bruits de pas dans un couloir adjacent. Lents, mesurés, ça appartient ni a un boiteux, ni a un roulant. Donc pas a Van Gogh et sa jambe rigide, mon débiteur. Forcement, personne d’intéressant. Mais comme tout le monde, je suis curieux moi, je veux savoir qui traine ici a cette heure et pourquoi. Ca se trouve on me cherche pour me dire qu’on a mis la main sur lui. Les pas s’arrêtent. Tant mieux, ça ira plus vite de rejoindre la personne en question. J’entend des chuchotement indistinct, brouillés au travers de la cloison.
Le faisceau de la lampe torche se promène jusqu’a ce que je trouve l’intersection des deux couloirs. La, je voix une forme longue, assise, dont je me rapproche, tachant de pas faire un boucan de tout les diables en débarquant. Une fille. Avec ses cheveux longs, ses ongles vicieux, son corps de félin diabolique. Il y’a trois catégories d’êtres féminins. Les vielles, déjà trop passées pour pouvoir faire autre chose que déverser leur fiel par leur bouche. Les mamans, j’en avais déja croisé, trop rarement, mais probablement de la même gamme que Nina Simone, avec une voix agréable et potentiellement les êtres les plus merveilleux de la terre et les filles, emplies de vices, elles crachent, mordent et griffent, elles minaudent, elles huent, elles arrachent, elles exigent. Les filles sont effrayantes, démons, elles s’immiscent dans les pensées, font réagir le corps d’une façon étrange, personne n’a conscience de leur capacité a nuire. A part moi, moi qui fais les frais de la terreur que me procure ce savoir.
Je sais pas pourquoi je m’approche. Je devrais juste filer, passer mon chemin. Sauf qu’être seul trop longtemps ça pèse et que j’ai pas encore fais le tour.
Eh t’as pas vu que t’étais au milieu du couloir ? Ah ouais c’est vrai tu peux pas voir toi.
Le sale rat que je suis entreprit de sortir cette tirade avec le plus de sarcasme possible. Mécanique de défense automatique face aux situations compliquées. Parce que moi je la connais, elle, c’est la Sentence. L’Aveugle. Une sorte d’idéaliste de la justice. Une justice inutile dans un monde de bêtes. Donc inutile ici.
Car comme je pensais, la Maison, la nuit, fait de nous des animaux.
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