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La Maison :: Fermer les portes :: Vestiges :: Les Contes Ébréchés
Blank page | Fantoche
Ours


bear him
personnage : Croate, il est aux Etats Unis depuis une vingtaine d'année et depuis bien longtemps dans la Maison. Il se voudrait lumière dans les ténèbres, mais en attendant il nourrit les imaginaires avec ses empires de papier
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Ours
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Dim 20 Aoû - 12:14
L’ouverture de la porte avait fait s’enfuir comme l’air sortant d’un ballon perce des cohortes d'élèves ne rêvant que de retrouver leur liberté, perdue l'espace d’un cours. Le vendredi prenait fin et son emprise sérieuse disparaissait progressivement de l’esprit du professeur. Adieu philosophie, adieu débats, adieu prises de positions et prises de bec. Les principes régissant l’humanité devraient attendre la le semaine prochaine pour reprendre le début de la scène. Et bonjour le samedi des doléances et de l’écoute, le samedi du partage privé, le samedi qui appartenait bien plus à la Maison qu'à lui même.

Ours appréciait cet instant de flottement où il se retrouvait seul dans la salle après le cours. Un sourire aux lèvres il organisait de nouveau son espace et admirait les couleurs se déployer dans le cadre des vitres.

Pas tout à fait seul.

Lorsque son regard rencontra les dernières rangées, il reconnut la forme pâle avachie sur la table, inerte et pourtant, il le savait, si vivante. Une vie fragile, ténue, mais une vie tout de même et dont il se sentait garant, bien malgré lui. Ici en tout cas elle ne craignait rien. Ours lui avait promi, dans son croate mêlé d’un russe hésitant que cette classe serait pour elle comme une maison. Un refuge. Il la protégerait, comme un vrai père. C’était cette fibre qu’elle avait touché en lui et il ne se déferait pas de cela.

Puisqu’elle se trouvait là, il avait des présents, de quoi faire montre de l’affection filiale qu’il lui portait. Il ouvrit son Placard, le sacro saint, celui qu’il était le seul à toucher. Il en sortit trois petits rouleaux de tissus colorés, de teintes joyeuses et vives ainsi qu’un livre. Matilda de Roal Dahl. L’histoire d’une petite fille extraordinaire avec de mauvais parents, qui finit par se faire adopter par sa professeure qui elle sait reconnaître le potentiel de la petite et est gentille. La métaphore lui plaisait. Fantoche pouvait être sa Matilda. Sans se presser, pour ne pas la tirer de sa torpeur en sursaut, il alla la rejoindre, les bras plein de ces petits cadeaux.

Ours tira la chaise à côté d’elle pour y asseoir toute la masse de son corps. Il posa sa main chaude sur le bras blanc de la petite et tenta de l’éveiller en paroles douces, comme on tire du sommeil un jeune enfant. Le tissu était posé a portée des petites mains mais il avait conservé le livre pour lui montrer lui même.

- Dlya vas, pour toi

Russe et anglais, pour qu’elle apprenne, progressivement, qu’elle fasse le lien entre les mots. Il lui remit ensuite le livre.

- To je kniga, my budem chitat vmeste, c’est un livre pour toi, on va le lire ensemble.

Le russe, il l’avait plus ou moins appris à l'écoute, en se basant un peu sur sa langue natale mais avec des incertitudes. Cela restait cependant leur meilleur moyen de communiquer ensemble. Ours ne se départissait pas d’un sourire et d’un certain entrain, lui laissant le temps de réaliser et de répondre. Pas besoin d'être trop pressé, la fin de journée s’offrait a eux comme une page blanche a remplir...
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Dim 20 Aoû - 23:12

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- Feat : Ours
Ses lèvres tremblent et sa langue claque dans le vide. Mâche sans les dents. Bave un peu. Se frotte le coin de la bouche mollement, de l’une de ses mains, celle qui ne se trouve pas sous la paume chaude de l’adulte. Fantoche émerge avec difficulté. Les paupières lourdes, sont regard se perd sur les formes floues qui lui apparaissent. Grande silhouette. Une voix douce. Un frisson. Comme un soupir d’aise muet. Interne. Miel tendre et chaleureux. Le genre où elle se laisserait noyer sans crainte, assurée d’une prise sécurisante. De ne jamais pouvoir étouffer en cette présence.

Les lumières dansent sous ses paupières. Font scintiller ses cils humides. Fantoche ne pleure pas. Il n’est que rosée. Doucement, elle s’essuie les yeux de son maigre poing fermé, tandis qu’elle redresse la tête lentement. D’un bref regard las, elle réalise la solitude qui les entoure. Elle. Ours. Elle réalise à quel point elle l’aime. Instant précieux où elle se sent protégée. Il le lui a promis. Elle avait tendu son minuscule petit doigt. Elle l’avait cru.

Elle ne pouvait que le croire.

Fantoche ne peut pas aller contre ses sentiments. Ils sont bien trop lointains, étouffés au point d’en sembler éteint. Et pourtant, si vivaces encore. Dans ces instants d’éveils, de vrai éveil, son cœur lui offre la sensation d’aller vite, bien trop vite, pour son propre bien. Comme quand elle réalise qu’elle s’est endormie pendant le cours de l’adulte. La pointe qu’elle ressent à l’idée de l’avoir déçu. S’il y a bien un adulte qu’elle ne veut décevoir, c’est lui. Quand elle s’endort en sa présence, à ses côtés, c’est comme si elle perdait un temps précieux. Un temps qu’elle ne pourra rattraper plus tard.
Si jamais elle disparait.
Qu’elle s’évapore, pour ne jamais revenir.

Qui sait, cela pourrait survenir tout de suite. Dans la seconde. Sa maigre main pâle s’esquiverait de la patte de l’ours, translucide. Sa voix lui paraitrait plus lointaine.
Fantoche se pince les lèvres.
Elle inspire profondément.
Ce n’est point encore l’heure de songer à ça. Elle s’y refuse.

Alors, elle se concentre. Sur ses mots. Sur le livre qu’Ours lui présente. Celui dont elle effleure la couverture, après que ses doigts aient glissé sur les tissus de couleur. Elle pourrait en faire de jolies poupées – pense-t-elle. Et elle hoche la tête, tout doucement, en regardant l’adulte de ses grands yeux caramel. Elle sait comme il prend le temps, pour elle. Comme il fait attention. Comme il montre son attention. Et Fantoche ne sait comment y réagir, parfois. Elle tremble, à l’intérieur, sans réellement le ressentir clairement. Elle serre une seconde son poing contre sa poitrine étroite, comme pour se sentir respirer. Être certaine qu’elle est bien éveillée.

Puis, elle ouvre le livre, avec milles précautions. Ses petits doigts caressent les pages, tandis qu’elle répète : « …le lire… lire le livre. » malgré son accent fortement appuyé. Fantoche hoche la tête, une nouvelle fois, et délaisse l’objet juste pour s’emparer de la large patte de l’adulte entre ses mimines. Elle la regarde. Le regarde. Et glisse sa joue contre sa paume en fermant les yeux une seconde.

« …Merrci. » prononce-t-elle. Maladroite. Elle y frotte son visage. Embrasse d’une manière volatile la peau marquée par les ans. Parfois, elle jette de petits regards vers le haut, surveillant une moindre réaction, qu’elle soit de rejet ou de tout autre chose. Animal sauvage. Relents craintifs. Lointaine habitude.
« ça être… gentil. » Elle pince un sourire. A peine visible. Bref. Comme si elle avait du mal à le tenir. Puis, elle repose la paume, avec moult délicatesse – précieuse main – pour reprendre le livre. D’un mouvement indicible, léger, sur le côté, elle essaye de rapprocher sa chaise de celle du brun. Besoin vital de contact. Tandis qu’elle pose son index sur les premières lignes, qu’elle fronce les sourcils en observant les mots, toutes ces lettres qu’elle ne connait pas.

Alors, elle dresse un regard inquiet vers l’adulte.
Malgré sa patience, elle n’est pas certaine d’y arriver.
Elle ne veut pas le décevoir.



Ours


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Lun 21 Aoû - 12:10
Elle avait, tendu vers lui, ce petit visage doux, enfant, que d’une seule main sans doute il pourrait recouvrir. Il le savait au fond qu’ils étaient pareil. Même si elle était toute petite et lui énorme. Même si elle avait l’air fragile et lui solide. Au fond ils étaient des naufragés, brisés sous la houle, portant en eux une sensibilité au monde. Mais lui, il avait vécu. Il savait comment réparer, comment apposer des rustines, recoller des morceaux de porcelaine qui laisseront cependant encore les traces de fissures antérieures. Ours la laissa poser son visage contre sa grosse pogne. L’embrasser. Pour lui c’était un geste chaste, simple. Elle voulait aussi qu’ils soient famille ensemble. Elle ne savait juste pas comment l’exprimer.

Ours se forçait a ne pas interpréter. Pas besoin de fouiller un passé difficile. Seul comptait le présent et a priori le futur qu’il pourrait lui offrir. Il pourrait peut etre un jour, l’adopter légalement, l’accompagner dans tout ses pas dans la maison et l’En Dehors, lui léguer son nom, ses biens, être présent et fier le jour de son mariage, gâter ses enfants comme si ils étaient les petits enfants de son sang… Il retourna brusquement à la réalité. Pour le moment il fallait lui apprendre a lire. Son sourire était doux, posé sur elle comme un esprit bienveillant.

Et il accepta le remerciement, sans mot dire, fléchissant la tête, ouvrant le bleu terne de ses yeux dans le caramel chaud de ceux de la fillette.

- C’est gentil

S’aventura t’il à corriger et à confirmer. Il ignorait bien quelles marques d’affection le parent se devait d’attendre d’un enfant, il avait oublié sa jeunesse, il n’avait pas pu être père lui même - pas assez- donc il n’avait pas trouvé l’acte anormal. Il imaginait au travers des livres la vie comme elle devrait être. En cela il la laissa approcher, il laissa le petit corps trouver place contre son épaisseur, laissant son regard au dessus d’elle et du livre.

Fantoche devrait lire d’elle même. Sinon elle perdrait confiance en ses capacités. Il était la pour l’aider et expliquer, mais c’était a elle d’avancer.

- Tu connais les lettres. Lis lettre par lettre, doucement

Une fois de plus il répéta dans son brouillon de russe yougoslavisé. Sans brusquerie il tourna les pages, pour mettre en haut de page des mots connus d’elle. Des mots familiers. « Les parents de Matilda possédaient une jolie maison avec, au rez-de-chaussée, une salle a manger, un salon, une cuisine et trois chambres a l’étage ». Pas besoin de lire dans l’ordre au début. Au fur et a mesure elle aurait tout lu, tout appris et le relirait sans doute.

Il ne doutait pas.
Il avait confiance.
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Mar 22 Aoû - 9:25

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- Feat : Ours
Avec toute l'attention dont elle est capable, elle suit les gestes de l'adulte de ses yeux. Les pages se tournent. L’histoire avance. Il y a bien des choses dont Fantoche ignore les tenants et les aboutissants. Les intentions sont floues mais, en ce qui concerne Ours, doucereusement rassurantes. Les mots ne sont pas là, pas toujours, pas très net. Pour l’heure, il n’en est point le besoin. L’affection filiale, le lien qui pourrait unir un père à sa fille, Fantoche ne le connait pas. Elle ne pourrait même pas être capable de définir ce qu’est un père. Quelqu’un de très loin peut-être. Elle n’a jamais ne serait-ce qu’entendu le nom du sien. Peut-être n’en a-t-il pas. Parfois, elle le suppose. Après tout, les pensionnaires de la Maison n’en n’ont plus vraiment, alors, pourquoi ce ne le serait pas dans l’En-Dehors ? Même le rôle de mère lui parait flou. Celle qui donne à manger. Empêche de dormir pour ne plus se réveiller. Des caresses, parfois. Et une autre sensation. De l’inquiétude, peut-être. Quelque part, Fantoche se demande si elle n’en a pas eu plusieurs. Les autres filles étaient plutôt gentilles, dans un sens mais il est vrai que ce n’était pas comme avec sa maman.

Fantoche se pince la lèvre inférieure en laissant courir son regard sur les lignes. Elle reconnait le mot ‘‘Maison’’. Elle l’entend beaucoup ici. Il est important. Alors, la petite demoiselle se concentre, elle fronce les sourcils et pose son index sous les mots : « …Le…les…. Parente de …Matilda posséda….Possédaite…. » son nez minuscule, petit monticule pâle, se retrousse. Elle essaye de faire le lien avec un autre mot, un autre qu’elle pourrait connaitre. Son esprit accroche, comme un ongle cassé au tissu d’une robe. Mais, elle décide de passer à la suite « …u-ne …jo…. » et le déclic « une jolie…maison ! … » Elle s’arrête en reprenant son souffle. Fantoche respire fort. Sa poitrine se soulève comme si elle venait de courir. Quelques secondes, elle bat des cils, avant de lever son visage poupon vers l’adulte, une nouvelle fois :
« Ours …tu…as une maison ? Dans le …Dehors ? »

Attention volatile. Celui-ci capturé par la question. Celle qui survient, qui emplit ses pensées et l’empêche de continuer. C’est compliqué d’imaginer les éducateurs en dehors de la Maison. C’est comme s’ils faisaient partie des meubles, des gribouillages sur les murs. Pourtant, elle se dit qu’Ours n’a peut-être pas toujours été ici. Qu’il a peut-être même des enfants. Elle le trouve vieux. Il doit en avoir. Les grandes personnes ont des enfants.
« Mnie …je veux une maison. Przypuszczam…» Je crois…
Sa voix est tremblante. Frêle. Elle n’a pas l’habitude de s’élever. C’est une force, que Fantoche est obligée d’appliquer à sa gorge, pour lui permettre de laisser échapper les mots. Dans chacune de ses paroles, elle perd toujours un peu plus de son souffle. Une partie de ses poumons. Un battement de son cœur.

Fantoche n’est pas certaine de vouloir une maison. Une maison comme La Maison, c’est grand. La nuit, ça doit faire peur. Et être très silencieux. Ou alors, ça grince, quand le vent frappe le toit ou les vieilles planches de bois. Elle frémit et secoue la tête en fermant les yeux, repoussant l’impression de vide : « Nie…c’est peur. » Entre ses mots maladroits et son corps minuscule, malingre, Fantoche parait plus jeune qu’elle ne l’est. Plus stupide qu’elle ne l’est. C’est pour ça que les autres ne prennent pas le temps de l’écouter. Ou parce que le peu qu’elle exprime voir, c’est peur aussi.

Doucement, Fantoche tend sa petite main pour capturer l’index du grand homme. Elle le serre, de sa frêle poigne. Si elle veut une maison, ce sera une maison avec Ours. Et il y aura beaucoup de livres. Pleins de livres qu’il pourrait lui apprendre à lire. Qu’il pourrait lui lire. Ça, c’est une image qu’elle préfère. Si Ours est avec elle, elle pourrait même supporter une maison dans l’Envers.
Elle ne sait pas pourquoi elle y pense. Pourquoi maintenant.
Et ses petits doigts se resserrent de plus belle.

Quelque part, Fantoche tremble.


Ours


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Mar 22 Aoû - 11:18
Avait il une maison ? Une maison ‘’dans le Dehors’’. Il avait perdu son premier foyer. Ses parents étaient retournés vivre au pays, dans l’enfer de la si noble guerre d’indépendance. Un enfer qui leur avait semblé plus supportable que celui des Etats Unis. Ses parents avaient eu le mal du pays, ils étaient rentrés dès que Tudjman avait pris place au pouvoir, avait signé la rupture avec la fédération. Vedran n’avait jamais vraiment compris son père, son patriotisme presque extrême, sa volonté à tout céder à sa Cause, la nation. Simplement, il s’y était résigné, comme à beaucoup de choses. Lui aussi aimait son pays, mais pas du même amour sans doute, il était attaché aux forces le régissant, des forces qui durant son enfance était encore bien primales, naturelles.

Un jour peut être, pourrait t’il y retourner, si la guerre ne détruisait pas tout entre temps.

Pas de foyer, donc, a part la Maison. Plus de femme. Plus d’enfants. Juste ce jeu ridicule comblant tous les vides de son existence, ce jeu ou il était père de tous et d’une multitude. Une illusion douce virant souvent à l’amertume, aux 18 ans fatidiques ou bien avant, lorsque ses protégés étaient mutilés, meurtris, assassiné. Et que lui ne pouvait que rester spectateur. Il s’attachait en connaissant le lourd prix des liens. Et avec Fantoche un autre lien, fragile, cassable. Des promesses que peut être, La Maison ne lui laisserait pas tenir.

A la demoiselle il continuera à dispenser des pieuses paroles de sécurité, car même si il devait échouer, il ferait de son mieux. Comme toujours. Son sourire avait disparu, fondu dans l'amalgame beaucoup trop mélancolique de ses pensés immédiates. ‘’Je veux une maison’’. Des mots fleches. Des mots qui se fichent dans son coeur. C'était sans doute tout ce qu’il voulait. Construire un nouveau foyer, protéger, aimer.

Et le regarder se détruire.

Ours voulait chasser ces pensés contradictoires, cruelles, lui ôtant foi en l’avenir. Oublier, il voulait oublier. Noyer sa vie sous une bonne dose de rêves et d’illusions. Se perdre en Envers. Toi aussi tu as peur, se disait il. Lui l’adulte, qui n’avait plus le droit de faiblir. Lui, l’adulte, dont les yeux se remplissaient de cet émoi liquide. Fragile, si fragile.

Il se passa sa main libre sur son visage pour essuyer et cacher son sentimentalisme aigu et si peu dans son rôle.

- J’ai une petite maison. Avec des livres. Et une grande fenêtre par laquelle on voit un jardin avec des fleurs.

A mesure qu’il parlait il retrouvait l’assurance un instant perdue, détachant les mots pour les laisser clairs et distincts.

- J’ai une jolie cuisine. Il y a au mur un tableau avec des chats. J’ai un trés grand canape bleu, très confortable

Il frotte un peu le dos de la petite, geste affectueux maladroit.

- J’ai un voisin qui a un gros chien de berger. Il fait peur au début, mais il est très gentil. Il fait toujours très clair le jour, et la nuit, la dame du troisième étage joue du piano…

Elle ne comprendrait sans doute pas tout, alors il repris, en russe.

- Si tu veux un jour je te montrerais la maison. Et tu pourra y habiter. Je te construirais des étagères sur un mur pour tes poupées. Et on ira acheter ce que tu veux pour décorer ta chambre.

Et sans s'en rendre compte, il était en train de l'étreindre légèrement, d’un bras, pudiquement, comme si ses paroles étaient autant de prophéties...

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Mar 22 Aoû - 15:29

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- Feat : Ours
Des mots. Des paroles auxquelles Fantoche s’accroche. Sur lesquelles elle se laisse emporter. La jeune fille l’écoute avec attention. De la manière dont il raconte comment est sa maison, la plus jeune n’a plus aussi peur. De ce qu’elle comprend, saisi du bout de ses doigts fragiles, il s’agit d’un beau tableau – peut-être trop, pourrait-elle songer si elle avait été plus âgée, désabusée – coloré. Prenant son temps, Fantoche s’arrête sur les détails qu’elle juge nécessaire, ceux qui l’intéressent. Ce n’est pas le fait que la maison soit petite, elle ne voit pas cela comme un inconvénient, n’ayant jamais connu de grand lotissement. Ce sont les livres, comme elle l’imaginait. Seulement, elle n’avait pas pensé au jardin. C’est vrai que ce doit être beau. En fermant les yeux, elle se sent humer les senteurs fleuries qu’elle imagine. Une cuisine, c’est important aussi – jamais, elle n’a eu l’occasion de pouvoir cuisiner auparavant – mais, surtout, le tableau. Fantoche aime les chats. Les animaux en général. C’est ainsi qu’elle sourit doucement à la mention du chien. Gros chien du…berger ? Parce que le voisin en est un. Tout du moins, c’est ainsi qu’elle le comprend. Et la seule idée qu’elle puisse venir y habiter comme Ours l’entend suffit à faire palpiter son battant de plus belle.

Sa tête penche et elle appuie sa tempe contre les côtes emmitouflées de chair de l’Ours :
« Raspoutine … peut venir zbyt ? » Elle sait comme le garçon aime les livres. Elle sait aussi comme elle ne voudrait pas le savoir trop loin. Pour l’heure, elle ne songe pas aux dix-huit ans à venir, ceux dont le faune est si proche. Le glas fatidique qui le verra probablement disparaitre à ses yeux. Cette possibilité n’existe tout bonnement pas. La seule qui persiste est celle d’une pièce de théâtre perpétuelle, le genre dont affectionne l’adolescent. Petit mouvement de tête, elle frotte légèrement son crâne, pensive. « Je veux une maison. z Tobą. »
Avec toi.
Certaine.

Tout lui semble si doux au travers des yeux de l’Ours. Une vision qu’elle désire partager. Elle ne serait pas contre avoir de la visite. Un peu. Juste un minimum. Du moment qu’il ne s’agisse pas de l’Autre. Difficilement, elle avale sa salive. La réalité la rattrape. Ou alors, l’écho persistant d’une présence à laquelle elle ne peut se soustraire. Même sous les belles couleurs de la maison d’Ours, Il viendrait sûrement la chercher. Comme il guette, à l’instant même, tandis que les paupières de Fantoche se font lourdes. Parler, même si peu, se concentrer, même si brièvement, aura suffi à l’épuiser. Alors, l’autre en profite. Il se faufile à l’orée de son regard. Se glisse dans le dos de l’adulte. Et la petite est obligée de se redresser, comme un petit mammifère. Elle tourne la tête, dans l’intention de surveiller ses faits et gestes mais, il a déjà filé. Cependant, elle n’ignore pas qu’il se trouve encore là, tapis dans l’ombre, à attendre son heure.
Quelqu’un a-t-il ouvert une fenêtre ? Fantoche ressent un courant d’air – étrangement froid pour la période de l’année – qui secoue ses cheveux ainsi que les quelques pans de ses vêtements fins.
Ses sourcils se tordent, la mine inquiète, les lèvres pincées. Elle s’accroche de plus belle à l’adulte qui l’entoure de son bras. Elle essaye de se concentrer pleinement sur ce contact. Ici, rien ne peut lui arriver. C’est ce qu’elle se répète. Elle est à la Maison. Dans la réalité floue mais, ô combien plate. L’Homme en Noir n’a pas d’attaches fixes en cet endroit. Il ne peut que l’épier. Faire sentir sa présence. Pourtant, cela suffit à lui faire papillonner les cils, une volute brumeuse soufflant au creux de son esprit brouillé. Tout bas, elle murmure : « …Faut pas….le laisser ….entrer. » et elle le griffe, sans vraiment le faire, en s’agrippant avec ses doigts aux tout petits ongles. Il est là. Prêt à la faire tomber. Déjà, Fantoche ressent l’élan au niveau de son cœur, un soulèvement, comme si elle était en train de tomber à genoux mais, d’une manière perpétuelle. Chute sans l’être. Chute sans fin. Et, quand son souffle se fait plus fort, celui-ci soulève la mince couche de neige cendrée déjà posée sur le bureau, contre les pages du livre. Peut-être Ours le remarque-t-il. Peut-être s’agit-il seulement de son esprit. Alors, Fantoche ferme les yeux fort. Du plus dont elle est capable. Elle espère que le mauvais se dissipe. Elle ne veut pas perdre pied. Pas ici. Pas maintenant.

« …Ours…Ours…. » se plaint-elle, tout bas, ses sourcils tremblants, froncés. Et elle tourne la tête, blotti son visage contre les vêtements de l’adulte. Elle ne veut pas voir ce qui l’attend. Ne veut pas comprendre ce qu’il se passe alors, elle s’enivre du parfum de l’éducateur. Cherche désespérément à s’y noyer.

Tout ce qu’elle voulait, c’était une maison.

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Mer 23 Aoû - 11:43
Promesse. Des promesses. La mauvaise foi pour la bonne cause. Il ne savait pas si il pourrait convaincre Raspoutine de sortir vers l’En Dehors. Le jeune refuserait peut être. Surement. Pourtant la fillette touchait juste. Si juste que s’en était douloureux. Parce que ses paroles reflètaient des envies qu’il cultivait. Car oui, sa bibliothèque improbable, chaotique était son habitat. Il se raccroche à cette vérité construite en un instant sur quelques paroles. Cette petite vérité bien tranquille et heureuse, un univers de couleurs chaudes, loin du Mal.

Vivre.

Vivre un bonheur sans fin, parce que c’était son nom, sa bénédiction. Vedran signifie ‘’Heureux’’ ou ‘’Joyeux’’. Mais avait il encore le droit d'être Vedran ? La Maison finirait par lui faire payer l’emploi de son nom de naissance. La Maison est reine cruelle et jalouse. Elle ne le laisserait pas s’éloigner, à coup sûr. Mais peut être avait il obtenu le droit de tenter de construire de nouveau. Il voulait. Et ce serait avec la frêle petite polonaise, agrippée à son corps.

Petite qui se redressa, corps fébrile, agité, inquiet. Le Mal, encore, qui la guette, étire ses crochets sombres. Qui troublent les âmes. Il sait, elle lui a dit, l’objet de ses peurs. Créature chimérique, il était impossible au professeur de la voir, de la ressentir. Il ne faisait que connaître son essence, pour l’avoir rencontrées dans d’autres incarnations. Le Mal est polymorphe. Elle tremblota, la petite. Toutefois, les fenêtres restaient constamment fermées dans cette salle, retenues par la peur superstitieuse et mystique des courants d’airs qu’avait Ours. Puis il commença à reconnaître, ce mouvement de paupières, cette gestuelle lasse mais angoissée.

Hypnos et Morphee.

Les deux compères, attachés à la mission de rendre Fantoche inanimée le plus clair de ses jours. De faire d’elle la poupée onirique. L’homme au nom d’animal sait qu’il pourrait tenter de les chasser, sans savoir si ses tentatives se révéleront fructueuses. Ses grosses pognes a l’air si maladroit caresserent les cheveux clairs. Sa voix chaude répondit à l’appel par des phrases rassurantes, prononcée dans sa langue natale. Un rythme roulant, profond, apaisant.

- Je vais le battre. Il va partir

Il dirigea un coup factice vers l’ennemi imaginaire. Il fallait qu’elle y croie. Il fallait qu’il ne soit pas le seul à jouer le jeu. Sauf que même l’Ours n’avait pas remarqué que par ce geste il perdait pied…

...Dans l’Envers.

Et bien malgré lui il entraînait la petite qui se tenait fortement a lui. La salle de classe avait fleuri d’arbres, de cette végétation montagneuse, pinède, ce tapis gras de terre. Mais ce n’était pas tout non. Alors que le plafond s’ouvrait sur le panorama écrasant des cimes aux sommets gelés, alors qu’on voyait apparaitre les pâturages lissent ou paissent les troupeaux, les lianes souples d’une autre fantasmagorie venaient peupler son monde. Une nature plus hostile, moins montagne.

L’homme qui n’en était déja plus un redressa son corps. Tenta de redresser cette masse lourde et velue. Plus de mains mais des pattes rondes, épaisses, griffues. Il connaissait ce corps énorme, ses sens différents, et comment il pourrait se mouvoir. Pourtant tout lui semblait étrange… A commencer par la petite forme fragile se mouvant entre ses poils.

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Ven 25 Aoû - 9:49

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- Feat : Ours
Peut-être Fantoche est-elle trop jeune. L’existence trop récente, entre les couloirs labyrinthiques de la Maison. Cette dernière n’a pas encore eu le temps de la posséder, pas entièrement, capturer une part de son cœur, de son âme. Alors, il arrive à la jeune polonaise de croire à un avenir loin d’ici. De songer à un potentiel ‘‘demain’’ qui ne serait rythmé par le brouhaha des pensionnaires, du son de la craie, des feutres, contre les murs. Mais, une famille comme on en lit dans les livres, comme elle l’a vu, quelquefois, lors des séances de cinéma, dans les films. Si beaucoup l’ont déjà condamnée à l’errance dans l’Envers de la Maison, elle, continue d’espérer, quelque part, un tout autre destin. Jamais elle ne songeait – elle n’en est pas encore capable – comme Raspoutine s’était déjà intégré à ces murs, ses couleurs peignant les surfaces gribouillées comme autant de longs cheveux qui s’étendent à la manière des racines d’un arbre ancestral. Alors, elle espère un futur, probablement sottement, empreint de ces visages qui permettent à son cœur de battre avec plus de vigueur. Sans penser que ceux-ci sont peut-être déjà dissouts entre les lattes du plancher. Et qui sait quand cette réalisation prendra son éclat, ou, comment le petit être blanc pourrait y réagir.

Puis le temps passera et, à son tour, ses pâles couleurs viendront rejoindre la fresque des âmes qui peuplent la Maison, nourrissent ses veines à la façon d’un sang palpitant. Folle jeunette, son inconscience et son ignorance lui permettent encore de croire à autre chose. Un autre chose que la Grande Rouge s’autorisera à trancher de ses dents de rasoirs, pour mieux l’avaler, le dévorer jusqu’à étouffement.

Alors ses espoirs se portent en l’adulte. Son cœur de grand animal, son dieu chimérique. Avec à la fois une fascination et un abandon prosélytique. Pied dans le réel, poids vers l’Extérieur. Celui qui lui permet de ne pas oublier qu’il existe cet En-Dehors d’où elle provient et où l’on ne se décompose pas entre les racines d’un arbre éternel. Elle se noie dans ses mots, boit ses paroles, admire ses actes, comme quand il veut frapper l’Homme en Noir et s’accroche de plus belle. Elle ne sait s’ils tombent de cette chaise sur laquelle ils étaient posés mais, son visage s’écrase contre l’adulte et les feuilles volent autour d’eux, s’accrochent à ses cheveux blonds. L’air se fait plus frais, plus terreux, finement épicé de pin mais, les couleurs ne sont pas aussi soutenues qu’elles devraient l’être. C’est ce que se dit Fantoche, quand bien même elle a l’habitude de ces territoires de cendre qui sont les siens. Certains arbres sont même étrangement dénudés, comme dépiautés à la main d’une part de leurs épines, çà et là et une fine couche grisâtre, fine comme de la neige, recouvre le sol, commence à s’accrocher entre les poils bruns d’où la petite s’agite. Fantoche remue dans un cliquetis fin. Comme un sac de minuscules petits os que l’on secouerait. Et ses petits os s’étirent, à sa manière, avec leurs articulations à nue. Ses yeux sont grands, plus grands que d’ordinaire, et elle n’a plus besoin de cligner des paupières. Ses doigts frileusement assemblés s’emmêlent dans ses boucles qui descendraient jusqu’à ses genoux si elle venait à se redresser. Ce sont ses mouvements qui provoquent le cliquètement, ainsi que le claquement de sa mâchoire en faïence, comme celle d’un vieux pantin de ventriloque. Ce n’est que sa tête qui se relève, dans un premier temps, avisant l’immense créature de poils et de griffes.

Quand Fantoche se déplace, se hisse sur la carcasse animale, elle donne l’impression d’une araignée de porcelaine. Elle s’étend, prend place, laisse glisser les fils qui sortent de certaines parties de son corps pour s’écraser plus loin, ou s’emmêler, pour les plus malheureux, bloquant quelques-uns de ses gestes, les rendant irréguliers. Mécanique enrayée. Puis, ses phalanges se posent sur le crâne de l’Ours, ses grands yeux en céramique se levant un instant vers le ciel gris qui parait s’obscurcir – Il ne doit pas être loin – avant de se plonger dans yeux de l’adulte.
«Il faut se cacher. » dit-elle dans un russe automatique. Et d’autres bruissements se font entendre. Les Autres, sûrement. Ou bien les Sycophantes hurleurs et leur million de petites griffes acérées. Fantoche ne veut croiser aucun de ceux-là. Sa tête tremble, bref mouvement de côté, comme le soubresaut incontrôlé du mécanisme d’une montre rouillée. A la naissance de ses cheveux, tout en haut de son front, la peau de porcelaine dévoile une fissure, une fissure qui se teinte et goutte de rouge. Fantoche doit rester calme, elle le sait, sinon son état va empirer. Elle doit ignorer la sensation moite et poisseuse qui teint la racine de ses cheveux presque blancs.

«Porte moi, s’il te plait. » comme elle n’est pas certaine que ses frêles jambes puissent lui permettre de suivre Ours. Fantoche ne se pose pas de questions. Sur la situation. Sur ce qui les entoure. Il y a plus important à penser.

Se mettre en sécurité.

Ours


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Ven 25 Aoû - 17:02
Cette poudre blanche. Il ne la connaissait pas, ne la comprenait pas, ne la contrôlait pas. Elle envahissait son monde, dépouillait ses arbres, ses pins, possédait le monde de ses odeurs, couleurs.... De sa vie. Suie ou cendre peu importe, elle se collait a ses poils, s’accrochait aux épines des pins et venait maculer le sol. Le ciel n’était pas bleu, n’était pas strié de ses fins nuages cotonneux. Il était bas et lourd, oppressant. Ses contemplations prirent fin rapidement, pour tenter d’aider la petite. Fantoche, poupée fissurée au monde sombre étendait ses fils le longs de son corps imposant. Il attendit de la sentir assise au creux de ses épaules pour se redresser sur ses larges pattes.

L’Ours ne voit pas très bien mais il sent, entend, et ressent. Il sent l’odeur métallique d’un liquide carmin. Il s'inquiète. Il avance, car elle ne veut pas rester elle a peur. Peut être devrait il finalement aller en quête des fées. Car il y’a forcément des fées, les vilas de Velebit. Elles sauraient comment combattre les terreurs. Sans doute. Car elles ne sont pas complètement désintéressées elles non plus. Sauf qu’il ne sait pas ou elles pourraient se situer, puisqu’il ne les avaient jamais vues que par hasard.

Son pas restait cependant peu rapide, bien que constant. La poupée était surement en équilibre fragile, ce ne serait point une bonne idée de faire jouer les muscles puissants, de donner a son corps la vitesse quíl serait en mesure d’atteindre a son maximum. Puis c’était fatiguant et tant que le danger restait loin autant s'économiser.

- Tu tiens bien ? Si tu veux aller plus vite dis le moi.

La forêt débouchait en un certain point sur des pâturages blancs de suie qu’il descendit. La Montagne n’a pas de fin. Pas de vallée. Elle descend indéfiniment, mais en connaissant bien son Envers il savait quel chemin connectait une cime a une autre. Se cacher, il savait comment faire. Cependant il ignorait quelles créatures peuplaient l’Envers de Fantoche et quelle signification peuvent avoir ces bruits. Ne pouvant pas juger avec certitudes qu’il n’appartenaient simplement pas a son propre univers, il n’était que vaguement méfiant et pas en alerte.

Ses pas laissaient des traces dans la suie. Un petit chemin net. Cela le troublait, n'étant pas de la neige, ni de la terre, ni de l’herbe, ni des feuilles. On pourrait le pister facilement et lui n’avait aucun moyen d’effacer ca. Il eut un grognement profond, interne, agacé de son impuissance a régler le problème. Si la polonaise avait aussi peur ce n'était sans doute pas pour rien et si il était aussi assuré dans son environnement naturel, ses chances de se dissimuler se réduisaient amplement en présence de ce phénomène.

- Il y a des grottes pour se cacher. Tu crois que ca suffira si on va dans une grotte ?

Lui aussi s’exprimait en russe et avec surement un peu plus d’aisance qu’en temps normal. Enfin peu importe, il changea de direction pour s’orienter sur la ou a coup sur, il trouverait les abris creusés a même la roche...

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Mer 30 Aoû - 10:51

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- Feat : Ours
L’étrange attelage poursuit son avancée tandis que la petite Fantoche, pantin cliquetant, découvre avec curiosité ces arbres qui ne sont les siens et cette pente qui n’en finit point. Tout lui semble moins vide qu’à l’ordinaire, plus complet, avec le sentiment que, par beau temps, l’endroit pourrait se faire bout de paradis. Elle se demande alors ce qu’elle pourrait trouver de nouveau par ici et en oublie un instant la source de ses peurs. Fantoche ne répond pas à la question, ses doigts croquignolets qui s’accrochent avec plus de ferveur au pelage brun de l’Ours suffisent pour toute réponse. La petite dame tourne la tête à s’en faire mal au cou, vigie perchée entre les épaules de l’animal. Elle avait l’habitude du plat, morne horizon infini uniquement décoré de troncs écorchés, et ce nouveau tableau la fascine autant qu’il la dérange. Et si les Ombrines, petites ombres sournoises, se cachaient parmi les pins ? Profitaient du relief pour se fondre dans ses retranchements les plus obscurs ?

Fantoche se questionne sur la sécurité offerte par le confort d’une grotte. Petite moue pensive, autant qu’il est possible d’en produire avec une bouche en faïence, l’obscurité de ces dernières l’inquiètent. Néanmoins, la lumière semble pire à ses yeux. Un feu permet aux ombres de s’étendre, de danser de tout leur saoul, jusqu’à agripper leurs griffes libidineuses aux pans de sa robe sale. Un frisson la secoue, fait trembler ses bras clinquants. Elle n’aime pas la caresse tant volubile que volatile de leurs doigts. C’est comme un courant d’air froid se glissant sous les vêtements quand on ne s’y attend pas. Et, quand ils ne sont plus là, la trace de leur contact demeure sur la peau, à la fois brûlante et glacée, dégoutante et honteuse. Il arrive à Fantoche de passer presque des heures à essayer de les retirer à l’aide d’une serviette mouillée en la frottant contre son épiderme frêle. Il le faut, sinon, les traces s’insinuent au-dessous, mordant la chair, envahissant les entrailles. Alors, la nausée survient, pressante. Impérieuse. Elle secoue son maigre corps, parfois, obtient ce qu’elle désire et le peu dont se nourrit Fantoche se perd dans une cuvette, ou un seau, ou le sol, avec moins de chance.

A cette seule pensée, des points noirs commencent à danser devant sa vision et la demoiselle secoue la tête pour les chasser. Elle inspire entre ses lèvres serrées. La fine gorge siffle.
« La grotte. C’est bien. »

S’il fait noir, les ombres sont, certes, partout, mais surtout, nulle part. Et c’est ce qui importe. Gagner la bataille sur leur avancée. En plus, Fantoche n’est pas seule cette fois-ci, Ours l’accompagne et il a des griffes, des crocs, des muscles qu’elle sent sous ses petits doigts de porcelaine. Elle lui fait confiance et cette confiance chasse un peu plus l’emprise de L’autre sur son esprit. Sur son corps de poupée.

Fantoche attend donc, se laissant guider par l’Homme-Bête jusqu’à une cachette qu’elle juge suffisante. Alors, sa carcasse se plie, elle pose sa joue sur le sommet du crâne de l’Ours, entre ses oreilles, pendant qu’une main, évasive, caresse sa gorge poilue « Merci, Ours. » dit-elle les yeux grands ouverts. Elle n’a plus vraiment de paupières de toute manière. Inspiration profonde, senteurs de pin et de cendre terreuse. Les odeurs familières se mêlent à celles, plus nouvelles, apportées par l’autre être. Fantoche demeure ainsi un moment, sensation de flottement, comme si tout était plus léger l’espace d’un instant. Une chute, mais qui ne fait pas peur. Le genre de celles dont on se laisse glisser pour se blottir dans un matelas douillet ou un lit de feuilles épais.
De cette même manière, elle se laisse glisser, sur le côté d’Ours, pour descendre de sa charpente musclée, et ses membres craquent tristement quand ils heurtent le sol de pierre. Fantoche ne se plaint pas, elle n’a pas mal.  Non, elle se fascine plutôt sur les parois étranges de l’endroit. Ils lui semblent plus cristallins qu’elle ne l’aurait imaginé, en partie seulement. Alors, elle y dépose sa paume fragile, la caresse avec curiosité. Le bout de ses doigts redessine les aspérités qui ne lui semblent plus si naturels. Des arabesques y sont creusées ? Des messages qu’elle ne parvient à lire ? Elle ne saurait le dire. Et elle jette un regard curieux vers l’Ours :
« Tu t’es…déjà caché ici ? »
Ce n’est peut-être que son imagination. L’agglomérât de ses rêves et de ses fantaisies. L’Envers en est témoin.


Ours


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Mer 30 Aoû - 23:01
L’Envers est un monde psychologique, s’abîmait il a penser lorsqu’il avait le temps de méditer, solitaire et sans interlocuteur. Dans son monde psychologique, il incarnait la plus puissante créature qu’il était en mesure d’imaginer et cet état de fait n’était probablement pas un hasard. Être puissant c’est savoir se contrôler soi même, professait il a qui voulait se faire l’élève de sa sagesse de quadragénaire. Il estimait donc, dans la mesure du possible, être puissant selon sa définition. Ou mériter cette considération. Mais revenons en a la situation…

Les aspérités rocheuses ouvraient une gueule béante sur un puit noir, taillé en profondeur dans la pierre. Ici, la végétation s’effaçait au profit du règne minéral, un règne semblant aride et froid. C’est la que les pas assurés menèrent a l’abri. Il connaissait cet endroit. Si l’Envers l’avalait pour trop longtemps c’était son refuge. Car il n’était certainement pas le plus dangereux dans ce monde lié a la Maison, d’autres imaginaires venant souvent apporter leur part de risque. Cet endroit restait, pour l’expérience qu’il en avait, imprégné de ses seules imaginations. Et il n’y avait encore emmené personne. Personne sauf peut être Raspoutine, allez savoir. Il ne se souvenais plus vraiment lui même.

Ours s’installa, posa son corps, permit a la surface de son dos d’être plus proche du sol. Ses odeurs en étaient mâtinées d’autres. Au final son sanctuaire n’était pas imprenable, Fantoche s’y immisçait aisément, et avec elle son atmosphère pale et monochrome. L’animal, car il n’était finalement probablement rien de plus qu’un animal, sentait les contacts au travers de sa toison, sentait les cliquetis de la porcelaine et la présence mécanique. Ce fut lui qui ferma les yeux. Puis le contact disparut, s’évapora. Lui, seigneur de ses montagnes, se soumit entier a une poupée. Il la devina alors admirer les murs qui ont cette beauté qu’on ignore de l’extérieur.

Il l’imagina découvrir ce monde dans un monde, peut être son véritable royaume. Pas de sourire sur les conséquentes babines, juste l’impression de cette expression paternaliste qu’il trimballait de son temps d’humanité.

- C’est chez moi. C’est ma maison dans l’Envers

Ours ouvrir les yeux pour découvrir une fois de plus le mur, un des murs seulement, mais aussi seulement la superficialité de son trésor personnel. Ce n’était assurément pas lui qui avait fait ca, de ses pattes épaisses et ses griffes bien moins précises que des doigts humains. C’était les fées pensait il, ces vilas, seules créatures peuplant son Envers, hors quelques animaux de montagnes. Les écoutant, on entendrait parler de contrées plus reculées abritant des créatures telles que des géants, mais l’Ours ne si était jamais rendu. Puis parfois les vilas affabulent. En tout cas elles lui avaient laissé un bel héritage. Chose était que les féminines éthérées étaient en de fort bons termes avec lui et que s’ils ne se croisaient que bien fortuitement, elles lui laissaient des signes favorables la ou il passait.

[color=navy]- Si tu aimes ici tu devrais voir l’intérieur[/navy]

L’intérieur commençait par un boyau assez large pour laisser passer l’animal, aux parois étrangement lisses et polies. On y débouchait sur une alcôve centrale, de forme a peu pres circulaire cernée de deux failles débouchant sur des espaces plus larges sortes de salles attenantes. Les parois de cet espace étaient par endroit luminescence et diffusaient une clarté faisant ressortir toute la complexité travaillée de la roche.

Il s’y engagea, s’assurant qu’elle suive. Peut être n’apprécierait elle pas l’arrangement féerique de la chose, et alors il reviendrait volontiers vers l’entrée avec elle. Il espérait aussi ne pas avoir la surprise d’y trouver les êtres qui provoquaient chez Fantoche tant d’inquiétudes…
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Lun 4 Sep - 12:02

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- Feat : Ours
Une maison. Creux dans un creux ou bien planches et murs dans l’extérieur, son essence demeurait la même. Parois protectrices au sein desquelles on pouvait librement se blottir, caché du monde. La Maison portait bien son nom, quelque part. Ses aspérités rougeâtres fuyaient l’univers, depuis l’ombre de cette armée feuillue qui ne laissaient passer rien ni personne. Les enfants s’y abritaient, se camouflaient aux yeux de ce genre humain qui ne serait capable de les comprendre. Microcosme impérieux. Impure forteresse. Parce qu’il arrive bien des choses au cours d’une vie, métamorphoses, mutations. Parfois si progressives qu’on ne les ressent pas à l’œil nu. Elles touchent la chair, modifient les corps, dénude ou non les branches d’un arbre et, surtout, font s’aigrir l’âme d’un lieu. Alors l’enfant, lui qui fut Roi de son imprenable forteresse, en devient l’absolu prisonnier. Comme elle. Comme eux. Avec ce délicat fumet doux-amer sur le bout de la langue, celui qui permet, contre toute raison, de continuer à aimer ce donjon.

Mais ici, ce n’est point cas de cachot, de bagne, d’altération acrimonieuse. Non, la Maison d’Ours ne peut être rien de cela. Il y a cette imagination, ce fantasme, un tableau au sein duquel Fantoche imagine l’adulte – ou la Bête – se mouvoir. Tirée de ses impressions au quotidien, mouchetée des couleurs des moments qu’elle passe en sa compagnie, c’est là un royaume – Fantoche en est assurée – d’une infinie tendresse. Alors, quand la pantin le suit, de ses cliquetis sonores, c’est en effaçant la moindre de ses craintes. Elle se blotti au creux de son ombre pendant que ses paumes blanches comme l’émail caressent la roche polie. Puis, quand la gorge s’ouvre sur l’abri de fantaisie, ses paupières mobiles, de porcelaine lisse, se mettent à battre, elle qui n’a pourtant plus besoin de cligner des yeux, plus depuis qu’ils sont devenus de jolis billes de verre couleur caramel.
L’endroit est grand, pour elle, poupée minuscule. Elle tend les bras vers le plafond, doigts écartés, lève son visage alors que ses longues boucles effleurent presque le sol. Un pas, de deux, et un autre, l’éclat cristallin de la roche se reflétant sur la surface de ses yeux, sur l’étendue vernie de son épiderme en porcelaine. Fantoche ne sourit pas – sa bouche en articulation mécanique ne le peut pas – mais, son cœur, lui, rit à gorge déployée. C’est un gazouillement muet, tacite qui se ressent néanmoins comme un écho au sein de la maison féérique. La petite ne le réalise pas, pourtant, la liqueur rouge, celle qui bavait de cette fissure à la lisière de ses cheveux, semble comme se rétracter. Rivière passée à l’envers, le creux boit l’humidité carmine pour finalement se refermer. Fantoche n’a plus peur, à présent, et même ses fils, ceux qui dansent au rythme de ses mouvements maladroits, ne paraissent plus retenir le moindre de ses gestes, comme disparus, oubliés.

Du coin de l’œil, la fillette croit voir un mouvement vif. Cependant, son cœur d’oiseau ne bondit pas. C’est une lueur, une petite étincelle scintillante sur laquelle elle ne peut mettre de mots, de noms. Et elle se tourne vers l’animal, d’un glissement qui peut faire penser au pas de danse d’une ballerine enfermée dans une boite à musique. Un saut, sautillement éthéré, avant qu’elle ne s’enfouisse dans les poils bruns. Fantoche y frotte sa joue, replie ses genoux pâles contre sa maigre poitrine.

« Je veux rester ici. » qu’elle murmure presque, cette petite boule de faïence blottie contre le ventre de l’ours. Il y a tant de luminaires ici, qu’aucune ombre ne pourrait jamais l’atteindre.

Puis le bruit. Ou plutôt, un bruissement. Clapotis qui se transforme en bourdonnement aqueux. Fantoche redresse la tête, très légèrement, rouvrant ses yeux de verre. Elle est curieuse. Il ne pleut pas dans son Envers, jamais. C’est un vide plat, désert de neige cendrée et d’arbres calcinés.
« ...C’est quoi ce bruit ? » avant de se pelotonner de plus belle contre l’adulte. Ce n’est pas effrayant, plus maintenant. Fantoche a l’habitude de n’entendre aucun son. Cependant, celui-ci finit par l’apaiser. L’enfant ne veut plus quitter cette maison de roche. Elle ne veut plus bouger non plus, pas tant qu’elle n’y sera pas obligée. Elle se surprend même à sentir sa propre respiration, sentir ses poumons s’emplir d’un air frais, avant d’expirer. Elle ne pensait même pas posséder encore le moindre véritable organe.
Pourtant, quand elle appuie ses minuscules paumes contre sa poitrine d’enfant, elle perçoit ce battement sourd. Une pulsation qui entre en résonance avec une seconde, celle-là même qui tambourine contre sa joue en céramique.

Et de beaux reflets bleutés caressent les murs lisses de l’endroit, comme s’ils se trouvaient à présent au fond d’une grotte sous-marine.

Ours


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Ven 8 Sep - 13:12
Durant la progression il lui semblait constater l’émerveillement dans les yeux lisses de la poupée. D’une certaine façon, il concevait une certaine fierté de son abri, sa possession. A n’en point douter une des merveilles de l’Envers. On y voyait ce qui le rassurait et l’assurait, ce réservoir interne ou il venait puiser ses forces. L’endroit était plus fragile que la solidité de la roche ne le laissait à présager. C’était son coeur, ou une métaphore de son coeur peut être. Son envie de vouloir tenir les choses l’entourant en bonne forme, dans le Bien.

Une fois complètement entré, il s’installa, cherchant la place qui lui semblait confortable. En bonne extension de son existence hors Envers, il se sentait fatigué, fatigué de la fin d’une journée, du déroulement de la semaine bien chargée et d’irradier toujours cette chaleur douce. Son corps resta posé, ventre contre le sol, apaisé. La lueur surnaturelle du lieu lui donnait toujours des impressions de bien-être. Une fois que Fantoche eut fini son exploration, il la sentit se caler contre lui, peut être un peu comme dans la salle de classe toute a l’heure.


- Tu peux rester ici tant que tu le veux.


Tant que l’Envers ne les jetteraient pas dehors, car, tombants tout les deux, aucun n’avait d’emprise. Donc il ne restait que le choix de profiter du temps, ce temps volé, ce temps de contes de fées. Ours se disait que dans une existence normale, hors de la Maison, peut être aurait il eu vraiment des enfants, et peut être aurait il pu leur raconter l’histoire de l’Ours, de la poupée et de la caverne aux fées. C’était bien le genre d’histoire qui pouvait plaire, une épopée fantastique a travers les montagnes, échappant a des ennemis fait d’ombre, jusqu’a échouer dans les boyaux de la tanière magique ou se trouve un calme tellement pur qu’aucun monstre n’y pénètre. Sauf que cette histoire c’était la sienne.

Puis le bruit liquide survint et avec lui, la pensée qu’une pluie tombait dans le reste de son monde, un orage en préparation, peut être, ce qu’il tâcha d’indiquer a la petite.

- C’est juste de la pluie

Il était possible que cela n’en soit pas, mais la pluie c’était plus plausible. Il commençait a sentir les odeurs d’humidité et la moiteur lui alourdissait le poil. Il posa tout de même une patte protectrice devant Fantoche pour chasser l’effroi. Il se demandait si la poupée pouvait ressentir la faim dans l’Envers. Lui cela lui arrivait si il devait y passer un long temps et il savait bien de quoi il pourrait ce nourrir dans ce cas. Par contre il ne saurait pas ce qui pourrait convenir a elle. Mieux valait pas être retenus trop longtemps dans ce cas.

- Si tu te sens le courage de le faire, tu pourrais me parler de ceux qui te font peur ?

Pas qu’il soupçonnait le psychologue de mal faire son travail, mais il se disait qu’avec le décalage linguistique, Fantoche n’avait probablement jamais pu se confier. Et ainsi elle n’avait jamais pu essayer de vaincre ses démons, puisque personne ne pouvait savoir quels ils étaient. Puisqu’ici il se considérait suffisamment a l’abri et qu’il lui semblait qu’elle aussi, elle se sentait bien ici.
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Mer 27 Sep - 6:48

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- Feat : Ours
Un souffle, puis un autre, noyé sous le rythme du battant. La poupée vit. L’Envers vit, tout autour d’eux, en-dehors de cette doucereuse tanière. Fantoche ne songe pas à l’extérieur, pas encore. Elle se cache derrière cette patte griffue, s’en couvre comme d’une couette moelleuse, y frotte sa joue. Elle est ici, et ici, il pleut. La petite ne demande même pas à vérifier, si Ours le dit, elle le croit, sans la moindre remise en question. L’enfant s’abandonne si aisément, probablement trop. Mais, c’est ainsi qu’elle respire, trouve un sens à cette existence étrange. Celle qui fait mal et qui, pourtant, est si belle à la fois. Les adultes ont cette conscience, cette connaissance qu’elle ressent sans comprendre. Parfois, ils paraissent plus vieux qu’ils ne le sont, sans l’être. C’est dans les gestes mais surtout, le regard. Kaléidoscope reflétant une vie qui pulse au creux des nerfs, des filaments qui se dessinent dans les prunelles. Pour d’autres, c’est l’inverse. Un opposé stupéfiant. Fantoche se demandent comment ils sont, ses yeux à elle. Ce qu’ils racontent. Parce que le voile de ses souvenirs apparait bien trop flou, à certains instants. Comme s’il existait des choses qu’elle ne pouvait se remémorer. Comme s’il existait des choses qu’elle ne devait pas se souvenir.

Alors, quand la question est posée, la petite penche la tête dans un cliquètement fragile. Elle fronce les sourcils autant qu’un pantin le peut. Même si l’anxiété broie ses faux organes, il y a cette perplexité, ce même voile qui l’empêche de mettre des mots sur ce qu’elle voit, ce qu’elle comprend.

Il est vrai que Fantoche parle peu, par habitude, par blocage purement linguistique. Et elle suppose que certains adultes ont dû déjà la lui poser, cette question. Tout du moins, pour ceux qui auront supposé une quelconque crainte de sa part. Mais, son esprit d’enfant omettait bien trop de détails, saisissait comme il le pouvait des éléments qui ne lui ont jamais été expliqués. Ainsi, se répète-t-elle la question. Elle l’a murmure silencieusement entre ses lèvres de faïence. Sont-ils seulement plusieurs, ceux qui lui font peur ? Fantoche a tendance à penser que oui. Elle le croit. Ou alors, c’est à cause des mains qu’elle voit trop nombreuses. Qui donc pourrait se trouver avec autant de mains, si ce n’est un monstre.

Monstre.

Comme celui qui se cache sous le lit. Comme la créature qui attend au fond des eaux pour passer des pactes où dévorer les imprudents. Comme celui qui tord les visages de ceux qu’elle connait. Parce qu’il y a un monstre, dans l’estomac de tout à chacun. Même dans le sien. Et ses minuscules paumes figées se posent contre le tissu de sa robe blanchâtre, au niveau de son ventre. Peut-être qu’elles viennent d’elle, toutes ces mains griffues qui lacèrent sa peau. Ça ressemblerait à la fin d’un vieux conte, le genre dont on tire une amère leçon. Ou bien une comptine. Il en existe tant, comme celle de la princesse, du roi et du page. Ce sont des histoires qui font peur, qui donnent envie de se cacher sous les couvertures mais qui, pourtant, attisent la curiosité. Une attention malsaine qui pousse à connaitre la suite, à savoir comment elle se termine. Quand bien même cette fin serait triste mais, rarement injuste.
Seulement, le monstre de l’estomac, il se nourrit. Il se cultive comme une plante, cette mauvaise herbe. Tout ça pour grandir et, finalement, sortir à la vue de tous, quitte à déchirer les chairs de celui qui le couvait, ingrate créature. Le Monstre ne fait pas de quartier. Il fait mal, même à celui qui l’a créé. Parfois, il parait inexistant chez quelques personnes. Fantoche, elle pensait qu’il n’existait pas d’exception. Puis, elle a rencontré Ours.
La polonaise a beau se méfier, savoir qu’il faut plisser les yeux et bien écouter. Connaitre comme les gens les plus gentils sont douloureux, elle ne l’a pas vu, le monstre, sous les poils de la bête. Elle n’en ressent même pas la présence, non, jamais. Fantoche a beau se blottir, attendre – parce que c’est dans la patience que se révèlent les horreurs, elles, finissent toujours par céder – jamais moindre tremblement glacé ne l’aura saisi. Peut-être n’est-il pas vraiment humain, Ours, d’où son surnom. Peut-être tient-il même des fées qui ont façonné cette grotte. La pensée tend à la faire sourire, elle le ferait, si elle en était capable.

Cependant la question demeure suspendue, comme à un fil, à la manière du pantin qui attend son prochain mouvement.

Et Fantoche, sans qu’elle ne s’agite, Fantoche cogite. Figée dans la seconde, dans la pensée. Si elle doit parler de ce qui lui fait peur, c’est bien à Ours dont elle en ferait part. Seulement d’ordinaire, les mots sont difficiles. Les paroles chahutent et bahutent, informe cohue. Ils s’expriment, communiquent entre eux comme on avancerait dans le noir ; à tâtons. Mélangeant termes et expressions de différents langages, jusqu’à parvenir à l’entente. Néanmoins, ici, à cet instant, cette frêle toile qui rend toute communication difficile parait s’estomper. Ils ne s’empêtrent plus, Kaszia ne la ressent plus, elle et ses fils collants. Alors, peut-être n’aurait-elle jamais l’occasion de se confier à nouveau. Peut-être pourrait-elle s’y jeter, dans cette bouche béante de réconfort. Elle hésite, pourtant. On ne rompt pas les habitudes si rapidement. Tout comme on ne lève pas un voile aussi opaque avec aisance. Fantoche entrouvre les lèvres. Les referme. Encore une fois. Poisson de porcelaine. Elle ne sait même pas si elle se fera comprendre, ou si elle se comprendra elle-même.

« …Des gens. Des Grands. » parce qu’ils s’étirent, à la manière d’êtres en fil de fer. Des adultes, assurément. Les enfants ne lui font pas peur, même les plus étranges, même les plus violents. Et Fantoche poursuit, tandis qu’elle observe ses propres mains, les tourne lentement sous ses grands yeux de caramel « Ils ont des longs doigts. » Des griffes. « C’est froid. Parfois chaud. Quand ça fait mal. Mais …je crois que c’est moi. Le chaud. Comme quand tu te coupes. La coupure qui fait mal, elle chauffe. » Et sa tête dodeline un peu. Elle a besoin de fermer les yeux. Un tremblement la secoue. Alors qu’elle essaye de mieux comprendre, pour en parler, son esprit les dessine, sous ses paupières closes et un haut-le-cœur la prend. La plie comme le plus maigre des bouts de papier. Les mots s’écrivent, sur celui-ci. Des mots qui résonnent, trop de mots, ils se superposent, s’étouffent les uns les autres. « …Je veux juste… pas avoir mal. » Un mauvais gout sur la langue. La bile qui remonte, non, quelque chose d’autre. C’est salé. Plus encore que les larmes. Plus amer que le café des adultes. « Mais, il faut que j’ai mal. Je crois. » elle hésite de plus belle. Ce n’est pas logique, ou bien, ça l’est plus que tout. Les fondements en sont vieux, tant que l’enfant ne saurait dire d’où elle les tient. « …parce que… c’est comme ça. » et pas autrement. Comme la pluie qui mouille. Le vent qui soulève les cheveux. La flamme qui brûle. Le soleil qui pique les yeux quand on le regarde en face. Il éblouit. Elle est éblouie, Fantoche, mais ce sont des tâches noires, qui viennent lui brûler la rétine, qui hantent son champ de vision. Silhouettes faméliques sans visage et aux longs doigts envieux. Et la crainte vient la frapper au ventre comme un coup de poing. Peut-être que ce qui lui fait peur, c’est que ce soit bel et bien comme ça. Qu’il faille avoir mal, quoi qu’il arrive. Parce que c’est ainsi que va la vie.
C’est comme ça que l’on devient une vraie femme.

Sa lèvre inférieure tremble mais, Fantoche ne pleurera pas. Elle relève simplement la tête, l’œil hagard, elle n’est même pas certaine de ce qu’elle affirme : « …Ours … » s’en est presque une plainte, un gémissement qui s’étouffe au fond de son fin cou de poupée « … Je suis malade ? » Et il est possible qu’elle soit là pour ça. Cloitrée entre les murs de la Rouge comme elle l’a été, il y a bien longtemps, dans la grande boite rouillée. Pas seulement parce que ses rêves dansent devant ses yeux, pas parce que son corps s’écroule et que le sommeil la commande comme le plus cruel des rois. Incomprise et inconsciente enfant, elle n’a jamais saisi le pourquoi de La Maison. Pourquoi elle n’a plus le droit de voir sa mère. Pourquoi les murs pulsent comme un cœur saignant. Pourquoi doit-t-elle voir tant de visages qui ne feront que s’effacer avec le temps, laissant, comme trace sur ses prunelles, une infinité de coquilles vides. Pourquoi si ce n’est pour le Monstre. Celui qui griffe sa chair de l’intérieur. Ah qu’il est entré par sa bouche si aisément. Elle ne s’en était pas méfiée. Fantoche ne savait pas, à l’époque. Comme il glisserait dans sa gorge pour se loger dans son corps. Celui-ci a bien essayé de se défendre. La petite l’a vomi des jours durant, probablement des semaines. Mais, la bête est solide et Fantoche a fini par le voir partout. Dans la moindre chose qui ne venait pas d’elle – même la nourriture – et qui voulait se loger sous sa peau. Rien que d’y penser, l’envie de rendre ce que contient son maigre estomac lui revient. Ça faisait longtemps. Mais, ce n’est vraisemblablement pas la solution. Celle-ci ne l’a jamais protégé. Alors, peut-être qu’ici, les Adultes auront la réponse.


Eux qui détiennent tant et tant de savoirs.
Bien plus qu’elle ne puisse l’imaginer.
Bien plus que ses tendres doigts ne peuvent, pour l’instant, saisir.


Ours


bear him
personnage : Croate, il est aux Etats Unis depuis une vingtaine d'année et depuis bien longtemps dans la Maison. Il se voudrait lumière dans les ténèbres, mais en attendant il nourrit les imaginaires avec ses empires de papier
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Shakes-bear
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Ours
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Lun 2 Oct - 17:09
Des nébuleuses convergent vers le plafond. Ou serait ce sa vision trouble, mauvaise, qui produit des éclat illusoire la ou tout n’est que nature. L’Ours calque sa respiration sur les flux telluriques, il est harmonie et distribue l’harmonie jusque dans le coeur de l’inanimé. L’automate s’éveille et vit, découvre l’être sombre caché dans sa cage de mécaniques délicates. La lumière n’existe pas sans le savoir de l’existence de l’obscurité. Le monde en dipôle se déploie par dehors et par dedans eux. Il irradie, communie, inonde. La bête, constituée de cette sérénité que l’on donne en propre aux sages antiques, laisse l’enfant absorber son essence bienveillante.

Dans le grand animal existe aussi un coté trouble, empli de vice et d’amertume, un coté connu de lui et non encagé. Il l’avait assimilé et accepté, de sorte a ce qu’on ne le distingue pas en lui. Tout cela dans le but de réparer. Et ainsi, il pourrait aider les autres a réparer a leur tour.

Il écoute, calme, ces paroles sans grand lien et sans cohérence. Une chose est sure, la petite avait souffert par la faute d’adultes, peut être qu’il pourrait trouver corrélation avec son dossier. Mais elle semble perdue, comme en dilemme, en affrontement interne. On l’avait forcé, ployée a accepter d’être maltraitée. « Quel mal t’a t’on fait Fantoche… » L’Ours s’attriste, son visage animal trop peu apte a exprimer l’étendue de son ressenti ne lui rend pas honneur.

- Non tu n’es pas malade, ne t’inquiète pas. Tu vas bien

Il veut sourire mais ça aussi ce n’est pas vraiment possible. Alors il se contente d’être entièrement lui même, entièrement entier, fait de montagnes, de famille et d’histoires. Alors il réprime toutes les façons qu’il aurait de lui apprendre la Vie, la vraie, celle qui est faite de couleurs et nuances, de chants, de plaintes, de chaleur rassurante ou brulante, de mouvement, d’action, de jours et de nuits, d’astres, des empreintes dans le vent, des odeurs chamarrées, des tessons de bouteilles dans le sable… Si riche est son expression qu’il ne pourrait donner une réponse, alors il contient le cri primitif et libérateur, il ne veut pas l’effrayer, elle deja si fragile, il pourrait la casser d’un mouvement…

… Mais plus jamais ce don de force ne serait utilisé a blesser.

L’Envers s’accroche a eux. Il leur laisse sa trace, il les forgent comme celui ci se forge selon eux. Cela l’homme l’avait bien remarqué. Alors pourquoi il n’a pas l’impression que le monde de Fantoche s’exprime beaucoup lors de cette plongée ? Quel effet peut il avoir réellement sur elle ? Se pourrait il que l’Envers qui lui soit propre en vienne a changer en sa présence ?

- Tu n’as pas besoin d’avoir mal. Plus jamais tu ne dois avoir mal. Ces grands ont tord de faire ca. Un jour ils seront punis pour avoir fait des choses aussi mauvaises

Pouvait il encore parler de châtiment divin, lui qui remettait sa foi en cause, lui convaincu que le ciel ne les regardait plus, lui qui pensait que le Pere ne protégerait plus ses Enfants. Pourtant, il fallait bien qu’il se rende a l’évidence que ce tout puissant, aussi absent ait il été soit du coté du Bien…


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