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Electric Sheep ♕ Os
Éphélide


Electric Sheep ♕ Os A2fg
personnage : Grand escogriffe déglingué par l'existence, rouquin aux cils translucides. Terreur des Envers et Oiseau fracassé à ses heures perdues.
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Icarius
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Éphélide
Mar 14 Nov - 12:53

 
Electric Sheep
There's a look on your face I would like to knock out

 
C’est toute une logique inhérente à La Rouge, que d’ébaucher la mort pour revenir à la vie. Se cacher, aller et venir entre les ombres jetées par les fenêtres condamnées. Esquiver les rayons de lune, se fait chat gris en pleine nuit. A mesure qu’il enlace ses mains de bandelettes déjà crasses, érodées çà et là de quelques taches brunes – qui en disent long – c’est comme enfiler ses peintures de guerre. Jouer au Loir avant la bataille, se grimer pour un combat qui n’aura au final jamais lieu. La violence qui règne dans les toilettes – et partout ailleurs – ce soir est pourtant bien réelle. Comme consumée, une sorte de brasier devenu plus tenace, plus tangible encore depuis l’incident de La Fête des Loirs. Il en a entendu parler mais uniquement de la bouche d’une Quenotte encore retournée. Lui était trop occupée à ramper en camisole et à bouffer de l’électricité au petit déjeuner pour profiter des festivités.

C’est en armure de laine qu’il se redresse, s’aidant d’une béquille sans plus de cérémonie. Il a dans son gosier ingurgité assez d’antidouleur pour tenir un bout de soirée, le crâne envolé de pensées floues et technicolor. La béquille elle, n’est là que pour émouvoir le bon public, avant qu’il ne leur colle une branlée de plus, loin d’être étranger à ces évènements ponctuels. Il y a même sa petite réputation, s’étonne de l’absence d’un Fange pourtant plus qu’enclin à la bagarre. Il faut croire que certains se contentent de L’Envers pour y dégueuler leurs frasques. Ses voyages sont à son goût néanmoins trop rares.

C’est donc hérissé de plumes métaphoriques qu’il claudique et dodeline, sourire aux lèvres, gueule balafrée d’un terrible rictus dont lui-même ne saurait tout à fait déterminer le sens. Il boite – du cœur comme de la patte – mais se voit dans sa tête bondir, comme avant dans les bois, lorsqu’il avait encore deux guiboles pour le porter et un rien d’espoir, loin de la surveillance paternelle. Il retrouve ici un peu de cette liberté. Ne retrouvera jamais son corps. Seulement, les soirées de grandes débâcles, le soir de bataille, il y croit. Et l’illusion est rassurante. Le berce pour ainsi dire de doux rêves désincarnés.

Brinqueballant sa carcasse, c’est d’un claquement régulier qu’il avance, se découpe dans la pénombre, incendiaire sur fond enténébré. La nuit les grisaille. De la pointe il ouvre la porte des toilettes, d’un œil, avise les urinoirs et les cabines, d’une oreille, entend siffler les indignations, les provocations de ceux qui l’ont déjà remarqué. « Bah alors, c’est pas la grande forme ce soir ? » et lui se souvient qu’ils n’ont pas imposé de règles, que tous les coups sont permis et qu’une trace de béquille en travers de la gueule ne leur fera pas de mal. Ils sont même bien chanceux les idiots. Il aurait pu leur rouler dessus par temps plus pluvieux.

Sous la lueur jaune pisse d’un néon vacillant s’agite Tintamarre et toute sa cohorte, tics et manies entremêlées, commentateur de pacotille sur fond d’inscriptions cabalistiques. Elles lui semblent plus luminescentes encore ce soir, iridescentes entre les fissures des murs. Et quand un autre cadavre percute le sol, s’effondre en un grognement farouche d’abruti K.Ô, on le prend bras dessus bras dessous pour l’emmener aux lavabos. Petite douche de circonstance. Ça aide à réveiller les morts.

- Hey Ephy ! On attendait plus que toi, t'es sur trois pattes ce soir ?
- C’est bien assez suffisant… - Et il ignore sa tête qui tangue et les toutes les couleurs plus vives qu’à l’accoutumée. – C’est qui le nouveau… ?

Mais se dessine sous les lueurs l’ombre des tatouages qui serpentent et enlacent, le font tout pieuvre à défaut d’être osseux, sur sa gueule mortifère qu’il finit par reconnaître. La nounou de Diablo, manquait plus que ça. Ses phalanges le grattent et le hérissent. Et c’est à défaut de grogner qu’il lève ostensiblement un sourcil, avisant le crâne chauve et les multiples caprices épidermiques de l’ancien Rat. Ancien pensionnaire. Il connaît les bonnes adresses, ce con. Ce fouineur, ce malchanceux. Sans rancune mon grand, ça aurait pu être toi comme un autre. Et Ephélide sourit, miroitant déjà tant de nouvelles occasions de se venger pour de bon cette fois. Sans rancune oui, lui qui ne supporte pas de voir les adultes s’approprier leur univers. Essayer, le temps d’un rien, d’en faire à nouveau partie.

- Eh bien regardez donc qui nous fait l’honneur de sa présence… Tu n’es pas un peu trop grand pour ça maintenant… ?– Sa béquille percute la paroi d’une cabine lorsqu’il la laisse tomber, fourrant deux mains à ses poches. Et se tient bien droit, en pleine santé ou presque, jusque dans la pupille Ziggy, trou noir sur le spectacle. Quelques gosses ont poussé le vice jusqu’à se foutre torse nus, exhibant côtes saillantes et montagnes grassouillettes. Lui ne poussera pas le vice jusque-là. -  Ok, c’est mon tour alors, c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir le concierge parmi nous… T’as ramené tes cisailles papy… ?

Et du coin de l’œil, s’entrevoit dans le miroir. N’a rien à trop y redire. Juste une belle gueule juvénile qu’on targue de nombreuses maîtresses au matricule. Et n’en avoir tant rien à foutre le met un peu en colère, de ne pas savoir trouver à ce qui l’entoure, lui-même ou les autres, autre choses que le vide.


 
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Lun 20 Nov - 19:11
Là debout se trouvait l'ancien Oz, avec des centimètres en plus. La chair rongée par cette fameuse noirceur qui vient avec l'âge, et des os plus robustes à force de s’être brisé. Là debout était l'enfant qui pouvait encore être n'importe qui. Oz n'était encore façonné par la fatalité que développe les adultes, ou les attentes muettes de ceux qui l'entourent. Oz était une forme pas sûre, peu ancrée, comme ces étoiles à neutrons au potentiel illimité. D'ailleurs Oz n'a aucune idée de ce que c'est qu'une étoile à neutron, faudrait demander à Os pour ça.

Sauf que Os est mort. Ou joue très bien le mort plutôt. Mais on va dire que t’es mort, Os, car tu ne réussiras à duper tes ennemis que si t’es assez doué pour te duper toi-même. Os est mort, longue vie à Oz.
Tu savais que pour attraper l’enfant-oiseau, l’enfant mystère qui s’amusait à se crasher de travers sur tout ce qui bougeait dans l’envers (et qui s’était crashé contre toi il y’a quelques semaines aussi), pour l’attraper il fallait penser comme l'oiseau, il fallait devenir l'oiseau.

Alors là debout était Oz, avec les dents rouges et du rouge goûtant sur le pli de son t-shirt blanc ; difficile d'imaginer comment une grande asperge comme lui a réussi à se manger un coup sur la gueule, mais c'est si on ne compte pas que les lois de la castagne ici-bas n’interdissent les armes.

"Eh bah, heureusement qu'on n'est jamais trop grand pour aller chez le dentiste !" s’était exclamé Tintamarre, suivit par les rugissements de la foule d’adolescents.

Oz relève son t-shirt pour s'essuyer le nez avec ; le magicien n'était pas dans une humeur offensive, il ne faisait qu'esquiver les coups et s'en défendre ; il n'était pas là pour se défouler sur des trois pommes, il était là pour trouver le ver qui s'y cachait. Il avait réussi à se débarrasser de son précédent adversaire, Pique-assiette, en le pinant au sol avec sa main contre sa nuque, et avait menacé contre son oreille qu’on le surnommerait Van Gogh dorénavant lorsqu’il la lui arracherait de ses dents – ça avait assez affecté Pique-assiette pour qu’il prie pour sa vie. Ce que Os lui accorda, car ça tombait bien avec son programme. Oz est plus là pour aboyer que pour réellement mordre.

Et le prochain à relever le défi est Ephélide ! Qui est assez taré pour se pointer devant le squelette sans sa troisième jambe. Et moi qui comptais parier sur toi Ephé ! Espérons pour lui qu’il a des trucs cachés sous la manche.

Espérons pour lui, mais espérons pour nous surtout ; car Ephélide est loin d’être le seul à penser que les adultes n’ont leur place parmi nous. L’ex-atrophié porte désormais le blason de notre jeunesse et l’espoir de ceux qui s’y identifient.

Oz hausse d'abord un sourcil lorsqu'un gosse avec trois jambes se pointe ; puis l'autre sourcil lorsque le même gosse laisse tomber une jambe pour se tenir droit. Il aurait bien haussé un troisième sourcil à la provocation du blond, s'il en avait un.

Il le connaissait.

La jeunesse n'est pas supposée avoir beaucoup de bon sens, non on laisse ça aux adultes, on te laisse ça pour plus tard, Os. La jeunesse possède par contre pas mal de brutalité car ses coups sont dévoués de conscience ou de regrets. Et ça, Oz l'avait appris à ses dépens. Il avait l'oreille qui sonnait encore depuis que Pique-assiette, un enfant de dix ans, avait pris sa tête pour une piñata.

Et pourtant il ne voyait pas flou, pas encore. Le mec habituellement sur chaise roulante était en ce moment même debout en face de lui. Oz ne trouva rien à répliquer (car encore désorienté et affecté), puis il fut frappé par une réalisation – qu’il rangea sitôt dans un tiroir de sa tête en attendant de trouver confirmation.

Qui veut voir un tour de magie ?

Il donna un coup soudain contre le sol de son godasse, commençant à frapper la terre dans un rythme régulier et levant les mains pour encourager les autres à faire de même. Certains suivirent le rythme, le reste finirent par céder aussi et se joindre à la frénésie qui en résulta après-coup, et bientôt le sol commença à vibrer sous leurs pieds. Bientôt les poils s’hérissèrent sous l’ambiance électrifiante.
On avait l’impression de se trouver au sein d’un cœur battant.

Come to pappy.

Et Oz esquissa un rictus rustique ; Os lui avait le cœur lourd de tristesse.

Éphélide


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Éphélide
Mar 21 Nov - 22:50

 
Electric Sheep
Counting bodies like sheep to the rhythm of the war drums

 
Ils scandent et c’est le déluge, pour un peut L’Envers en chialerait ses larmes salées dans les toilettes. Pour un peu, ça déborde et ça remonte, des cuvettes et des lavabos, des bouches sanglantes de ceux qui ont eu l’audace de vouloir casser de l’adulte. Casser des os. Et c’est quoi ton problème mon chou, tu peux pas attendre ta décomposition pour qu’on voit tout ça, t’es obligé de te le graver dans la peau ? T’en fais pas elle tardera pas trop. Et lui dévoile ses dents, ses quenottes, blanches et féroces contre écarlates presque tombées. Os a cette fois la chance d’avoir un adversaire très littéralement à sa taille. Avec son aisance de gestes presque incontrôlée, il ressemble à un de ces mannequins à la con, dans les pubs pour les parfums et les voitures. Jolie ossature, sourire tenace.

Il a toutes les raisons d’être enchanté, puisqu’il tient sur deux pattes, même branlantes, ce soir. Et même s’il oscille, c’est en rictus que se métamorphose son sourire, ourlant ses lèvres d’une méchanceté qui lui est propre. Qui veut voir un tour de magie ? Qui veut voir tourner la tête de l’ossuaire, s’éclater ses membres et supplier sa bouche ? Qui veut assister au massacre ? Ils se souviennent tous, pourtant, de ce qu’il est advenu de Diablo au pauvre plâtre, sans sa petite nounou. Nounou qui le dévisage, de sa lueur tendre dans l’œil qui lui donne envie de vomir. Eux et leur pitié, eux et leur jugement.

- Oh je t’en prie Tintamarre… - Il souffle à faire voler quelques folles rouquines qui balaient son visage, se hasarde à soupirer, las et tranquille. Battement de cils. – Nous savons très bien ce que je vaux ici…

Il ne lui en faux pas plus, d’ailleurs, pour esquisser un pas en avant. Viens voir l’oiseau, vient voir le quatre pattes devenu trois, puis deux sans l’aide de sa béquille. Le garçon en fauteuil miraculé parce que lui déchirer les jambes n’était pas assez, il fallait lui donner l’espoir. Le rendre instable mais valide, vissé par temps de pluie, claudiquant le reste du temps. Les cachetons implosent derrière ses paupières, lui faisant miroiter des galaxies inconnues et à jamais inédites à l’Homme. Dans le ventre de leur mère où les parois sont de briques rouges il est à l’offensive, griffes dehors pour vision battante, palpitante. Ça tangue à ses tempes et il le bouscule plus qu’il ne le heurte. S’envoie comme de lui-même de l’épaule contre une cabine de chiottes. Et, quand bien même le coup est raté, rit. Taillade en aiguilles de son ricanement, un peu bestiale, terrible grincement de portes et de volets.

On ne l’entend que rarement rire de la sorte et, lorsque c’est le cas, c’est toujours une surprise. Du genre désagréable. Un pétard sous le museau.

Soit pas triste pour moi mon salaud, où j’te ramasse le pif à coup de béquille. Ça ne devrait pas trop se voir, les ecchymoses sous une peau pareille.

- Oh aller fait pas ton mauvais joueur mon tombeau, tu ne vas pas me laisser me cogner dans tous les murs comme ça, pauvre handicapé que je suis…

Il n’en pense pas un mot, ou peut-être bien qu’il est juste complètement défoncé. L’un comme l’autre, cela n’a aucune forme d’importance.
 


 
©BBDragon

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Invité
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Lun 4 Déc - 18:30

Il fut un temps où Oz jubilait de sentir la terre gronder sous ses pieds, prête à s’ouvrir sous les coups qu’il donnait. Il fut un temps où il prenait réellement son pied. Il prenait son pied et il le cognait à l’unisson avec les douzaines d’autres gars qui l’entouraient. Et ça continuait de taper du talon à en faire sortir de terre les morts engloutis six pieds avant eux. Ça continuait de frapper la terre à en faire vibrer l’eau du seau que Trompe-œil avait placé sous un lavabo en fuite. Ça vibrait. Ça vivait.

Mais aujourd’hui, la terre menaçait de s’ouvrir pour une toute autre raison.
    Holé !
Railla le magicien de ce ton caustique qui lui allait comme un gant, alors que l'adolescent le ratait pour s'écraser contre les cuvettes. Bien que c'était un oiseau qu'il chassait, et pas une bête à cornes, il ne put s'empêcher de trouver l'attaque douloureusement familière.

Il resta pourtant de marbre face à la provocation du plus jeune, ainsi qu’à son rire. Il n’esquissa même pas de sourire lorsqu’il répliqua platement.
    C’est comme ça qu’on fatigue la bête avant de l’embrocher chez nous. Diablo ne t’a pas appris ça ?
Bad move. Very bad move. Tu n’as aucune idée de quel genre de relation il avait avec Diablo, mais tu regrettas sitôt ta tentative de le hâter à ce qu’il fonce sur toi. Tu n’aurais pas dû ramener Diablo sur le tapis, Os. Le bordel que ça allait être de devoir lui expliquer ça après. Tellement que tu t’imaginais déjà les laisser croire ce qu’il voulait à la place, moins chiant.

Enfin, Éphélide trouva de nouveau assez de miracle en lui pour te foncer dessus à nouveau. Mais tu n’essayas pas de l’éviter cette fois, tu pris le miracle en plein dans les tripes.

Et tu l’emmenas avec toi dans l'envers.

Les spectateurs avait dû être pas mal estomaqué (eux aussi) par ton tour de magie, car lorsque tu retournas à leur monde à peine quelques secondes plus tard, un silence funèbre vous accueilli.
    J’abandonne, tu as gagné.
Tu avais trouvé ton oiseau.
Tu fais quand-même quelques pas en arrière par précaution, la main sur ton estomac et la respiration encore hachée.
HRP:

Éphélide


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Éphélide
Mer 6 Déc - 16:13

Electric Sheep
You could have been number one

C’est une danse. Un ballet grotesque où le nom de Diablo tonne comme un coup de départ. De ceux qu’on fait éclater, a grand coup de détente, explosion de poudre au canon d’un flingue. Début de course. C’est son mouchoir rouge à lui, sa lueur. Celle qui fait mal, en plein dans la rétine et il ne sait pas exactement pourquoi. C’est peut-être bien ce qui le rend si dingue après tout. On ne lui a décidément rien appris. Rien de plus que frapper, serrer les dents et espérer se défendre. Frapper pour ne pas être frappé, c’est ainsi que les choses fonctionnent. Et ce n’est que plus vrai encore dans la jungle abrupte de La Maison. C’est un monde qu’il connaît, qui lui est familier et depuis le premier jour. Os doit bien savoir, doit bien comprendre, malgré ses grands airs supérieurs de squelette qui aurait déjà tout compris. L’essence même de ce qui leur manque à tous, aux enfants. Qu’on croirait perdus alors qu’ils arpentent les bons chemins.

Un courant électrique de rage et de stupidité pour s’emparer de ses veines. Un souffle d’adrénaline qui le fait se redresser. Il sait qu’il n’a plus beaucoup de temps, les cachets ont leur limite et lui touchera bientôt la sienne, juste après le second souffle. C’est plus facile en vérité d’encaisser plutôt que de charger. Il a l’amertume plein la bouche et un reste de plume sur la langue. Il comprendra plus tard qu’il ne s’agit là que de cheveux persistants, emmêlés de salive et de sommeil.

Un cri, statique dans l’atmosphère, qui les déchirent pour de bon lorsqu’il charge à nouveau. Et le percute en plein dans le ventre. Là où la réalité se brise. Se délite en un milliard d’éclats volants et entaillant la chair. Foncer droit dans le miroir. Il vient et attaque avec sa cohorte de hurlements, de plumes et avec ses cages aux barreaux tortueux, le charge de tout ce qu’il a pu apporter de son Envers, à lui aussi. Rien qu’un colifichet hasardeux d’injures et de craquements. A bien y prêter l’oreille, on pourrait deviner sans mal l’instant même où il lui a brisé les reins. Il le percute dans le ventre, le mord sans doute au passage. C’est un bec, des dents, des crocs et de la rage, un coup de griffes aux flancs, des plumes dans la gorge à étouffer, étrangler. Pas le temps pour lui de deviner la poiscaille qu’a revêtu le squelette que déjà, ce n’est plus l’océan mais le carrelage qu’il percute du nez. Il a roulé avec lui et déjà ses reins crient grâce, hurlent à l’unisson de son estime, entre déception et rictus. Il lui a au moins fait mal et c’est le plus important. Toujours faire mal avant d’avoir mal.

Détrempés par les vagues d’un océan fracassé, ils sont silencieux. Quelques-uns regagnent même déjà la sortie. Trop sérieux, ces combats d’Envers. Ici on est accoutumé aux lames et aux mâchoires. Ceux-là ne sont pas là pour jouer. Ce n’est pas drôle, c’est trop dangereux. Ils leur ont gâché la joie, quel dommage. Même Tintamarre a mis les piaillements en sourdine et ce n’est pas pour déplaire au rouquin.

Comment on se retrouve vieux frère… ?

Il sent encore grêler à sa peau quelques plumes fantasmées. Et agités de spasmes anarchiques, se redresse cette fois avec toute la peine du monde. Tant et si bien qu’il en saisit son unique béquille, regrette la seconde, qu’il a laissée au dortoir. Mais trouve toujours le courage de sourire dans son épuisement, juste avant de subir la douleur. Et s’adossant à la porte d’une cabine, étire ses traits d’une innocence terrible tant elle est faussée. Tadaa.

- Que de temps précieux économisé en un tour de passe-passe n’est-ce pas… ? Tu es rassuré ? Je pensais que tu voulais régler tes comptes.

Déçu ou presque, cela va sans dire. Mais ce n’est que partie remise. Au prochain plongeon, il aura des raisons de chercher, le poisson imbécile. Et le reluque presque d’un rien, à suivre la ligne de ses tatouages jusqu’à la face de mort. Ça aussi, c’est incompréhensible, mais c’est peut-être qu’il n’en éprouve pas le besoin, d’avoir déjà été tatoué par la nature. Puis fait claquer, sur le bout de sa langue.

- Au fait, tu sais que c’est moi qui l’ai tabassé Diablo, hein… ? Tu es sa nounou, tu devrais savoir ce genre de truc… - Il espère peut-être le mettre en rogne. Retrouver sa violence plutôt que sa mine toute contrite. Ce qu’il peut comprendre, en somme. – Il est tout de même sacrément emmerdant à sourire à tout va, ça me donne envie de lui filer des claques… Et tu lui ressembles un peu. – Puis un soupire. – Fin’ bref, c’est pour ça qu’on m’a jeté en cage et qu’on m’a grillé le cerveau. Taré pour taré, j’ai bien envie de te démonter la gueule à toi aussi tu sais…

Et à fanfaronner, il oublie qu’il peine désormais à se souvenir de son ancienne chambre, ou même des noms des enfants les plus effacés.





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