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Tomber sur un Os
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Sam 28 Oct - 23:27
Les semelles usées claquent doucement sur le parquet qui craque, glissent tous les deux ou trois pas et trébuchent parfois quand les jambes un peu longues s'emmêlent entre elles. Pour sa défense, il est tard, le couvre-feu est tombé depuis une bonne heure dans les dortoirs, et pourtant Rouge-gorge traîne encore son grand corps dans les couloirs. Il n'est pas insomniaque, malgré ce que les cernes sous les yeux prétendent, il a bien envie de se couler sous les couvertures chaudes de son lit. Mais en éteignant la lumière ce soir-là, après avoir bordé les plus jeunes, il a vu des draps défaits et pas de petit Loir dedans. Rouge-gorge n'a pas eu le courage de rallumer les lumières pour interroger ses camarades, il n'était pas question de réveiller ceux qui avaient déjà mis longtemps à fermer les yeux. Il a enfilé un pull en laine bien épais par-dessus le haut de son pyjama et ses vieux chaussons un peu trop petits pour lui déjà, et il est parti à la recherche du Loir perdu, avec Pantin pour seule compagnie.

Il se fond dans les ombres de la Maison pour rester discret, certains surveillants sont moins laxistes que d'autres. Il aimerait ramener l'échappé sans leur attirer des ennuis à tous les deux. Au début, il a de la chance. La Maison est calme, il entendrait presque les murs respirer paisiblement au rythme de ses enfants endormis. Mais ce n'est que son souffle à lui, qui lui réchauffe les joues sous le masque. Rouge-gorge s'arrête au détour d'un couloir pour découvrir sa bouche et relever ses manches ; c'est qu'il commence à avoir chaud. Et puis il lève les yeux.
Il y a quelqu'un de l'autre côté.
Il a soudain encore plus chaud.
La silhouette est grande et immobile. Il la reconnaît vaguement mais ça ne l'encourage pas pour autant à approcher. Il pense faire demi-tour, mais Pantin n'est pas de cet avis et, de sa voix criarde, il le fait savoir tout haut et assez fort pour attirer l'attention de la moitié de l'étage :

Hey, c'est pas le nouveau surveillant ?

Rouge-gorge coule un regard accusateur vers ce traître de Pantin, qui ne peut pas s'empêcher de l'ouvrir. Mais bien évidemment Pantin l'ignore. Pantin ignore tout et tout le monde.

Quoi ? Il peut p'têtre nous aider, marmonne la marionnette en faisant signe vers le grand tatoué.

Rouge-gorge hausse les épaules mais les semelles usées reprennent leur glissement discret sur le parquet alors qu'il s'approche doucement de l'adulte au bout du couloir. Arrivé à sa hauteur, il hésite quand même à tracer sa route sans s'arrêter. Il baisse le nez et fixe ses chaussons. Il y a un trou au niveau de son petit orteil droit, il remarque.

La vache, ils embauchent vraiment n'importe qui de nos jours ! remarque de son côté Pantin en zieutant effrontément le Gardien. La main droite de Rouge-gorge s'écrase sans ménagement sur ce qui sert de bouche à la marionnette, lui arrachant une protestation étouffée : Mmpff !
Désolé, monsieur. Il ne voulait pas dire ça.
Mmpff-mpff ! fait Pantin en hochant frénétiquement la tête de haut en bas.
Non, ça suffit ! le gronde Rouge-gorge.

Sa main droite ne lâche pas la bouche de Pantin. L'autre s'agite pour exprimer le mécontentement de la marionnette. Mais les yeux de Rouge-gorge retombent sur ses chaussons troués, comme s'il refusait de faire le lien entre les deux. C'est une technique d'approche comme une autre, pourtant, et qui a fait ses preuves. Mais Rouge-gorge évite en général d'insulter ouvertement les gens qu'il ne connaît pas.
Pantin s'en fout un peu.
Il est fatigué, il commence à avoir mal aux pieds et sa gorge le gratte — celle du Loir, la sienne, peu importe : il veut retrouver cet enfant et retourner se coucher.
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Dim 29 Oct - 22:10
La grande silhouette immobile était debout en face d'un placard ouvert, qui n'était plus tout à fait un placard vu que l'envers avait creusé le petit espace en une cavité étrange ; avec des rubis et des quartz et d'autres babioles antiques coincés contre les parois rocheuses. L'envers des autres étaient toujours une caverne d’Ali Baba en soi, mais celui-ci en était littéralement une.

Lorsqu’une voix fusa soudainement en réverbère sonore dans tout le couloir, tranchant ton hésitation quant à visiter ou non ce trou. Mais c’est pourtant calmement que tu tournes la tête vers la source.

C’était un gosse portant trois chaussettes, dont une parlante – sûrement un loir. A le détailler calmement alors que le chiffon échancrait son bagou, tu te souviens vaguement l’avoir déjà croisé avant. C’est ses yeux surtout que tu avais retenu, vu que l’autre moitié de son visage nous était souvent cachée. Alors par fairplay, tu enlèves aussi le cache sur ta bouche pour gratifier son petit tour par un petit sourire ; un truc amusé, racorni, vaguement surpris, c’était un sourire un peu doux et flétri. Comme les restes d’un parfum après avoir débouché une vieille bouteille vide.

Tu ne jugeas pas important de répliquer à sa remarque (que tu recevais tellement que ça glissait sur ta peau et surfait sur tes tatouages à ce niveau), et détachas plutôt ton attention du spectacle pour jeter un regard au placard – qui n’était plus qu’un placard désormais. Forcément. Le soudain écho dans le couloir ne t’a peut-être pas fait broncher, mais il a dû faire sursauter la Rouge.

Ah ouais tiens, c’est vrai que c’était le couvre-feu.

On a un petit creux ?

Tu lui avais déclaré avant que ton regard ne rattrape sa silhouette courbée.

Rouge-gorge, c’est ça ?

La lune, comme à son habitude, révélait tous les défauts que la nuit essayait de couvrir ; mais cette fois-ci ses lueurs ne t’avaient pas suffi à découvrir le trait dominant chez le gamin qui l’avait affublé de ce nom ; tu en déduis alors que ça devait être latent.

Et que l’envers que tu avais vu plutôt n’était probablement pas le siens.
Probablement.

Tu fermes tranquillement la porte du placard ; les gestes lents comme la mort, l’air stone comme à ton habitude, et tu pensais, que t’avais vachement envie d’un sandwich au jambon. C’est toi qui avais un creux en vrai. Oui c’est aussi la raison principale pour laquelle tu traînais dans les couloirs.

J'imagine que tu es conscient que c’est le couvre-feu ?

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Ven 3 Nov - 2:58
Le cœur bat un peu trop fort sous les poumons abimés de Rouge-gorge ; un peu plus et il détalait en courant comme un lapin devant le chasseur. Ou dans son cas un oiseau devant l'épouvantail. Os n'est pas si effrayant que ça, de près. Impressionnant, bien sûr, même si Pantin se fait un devoir de briser la couche de première impression comme on casse un miroir au reflet flou. Et au final il ne reste plus que ça : un Rouge-gorge bien embêté de se faire trahir par nul autre que lui-même, et un Gardien qui n'a rien d'un Cerbère dans la semi-obscurité des couloirs. Mais le Loir est bien placé pour savoir que les ombres de la Maison ne sont jamais les mêmes en plein jour, alors il reste sur ses gardes. Il relâche doucement son emprise sur sa marionnette mais son attention première reste rivée sur les chaussons. Pantin regarde autour de lui comme s'il observait à travers ses yeux. Mais Os s'adresse à lui et un œil timide surgit sous une mèche sombre à la mention de son nom. Là, Pantin est immobile et Rouge-gorge scrute vraiment la réaction du surveillant, ses gestes, avant de hocher la tête.

Et vous ?

Il se racle la gorge mais c'est trop tard, la question est partie et sa voix est rauque comme quand il a trop toussé ou qu'il est embarrassé — un peu les deux ce soir-là. Il est presque certain de connaître son nom, à moins qu'on l'ait mal informé ? parce qu'il y a assez peu de nouvelles têtes chez les adultes pour qu'on prête une attention toute particulière aux nouveaux venus. Il s'agit avant tout de savoir quel est le degré de tolérance de l'adulte en question. S'il est aussi adulte à l'intérieur qu'à l'extérieur. Et puis il y a des rumeurs sur Os, Rouge-gorge ne sait pas si c'est vrai, comme quoi il était là avant. Non que ça change quoi que ce soit — normalement pas, enfin — un adulte reste un adulte. Rouge-gorge se demande s'il avait déjà tous ces tatouages avant.
Peut-être que ça change un peu les choses quand même.

Le regard fatigué du Loir se pose sur le placard qui se ferme et il se demande, soudain, s'il a dérangé le surveillant. C'est la faute de Pantin ça, il faut toujours qu'il s'incruste sans aucune délicatesse. Ce serait un vrai gamin, il serait du genre à ne jamais regarder à gauche et à droite avant de traverser, et il se ferait écraser. Rouge-gorge ne sait pas pourquoi il pense à ça maintenant. S'écraser, il sait faire un peu, il n'y a qu'à voir comme ses épaules s'affaissent sous la remarque pourtant placide du Gardien ; il tire sur un bout du tissu qui recouvre Pantin et la fabrique se tord nerveusement entre ses doigts. Il y a de nouveau des choses très intéressantes qui se passent entre les semelles de ses vieux chaussons ; ça l'absorbe quelques secondes avant qu'il réponde à travers Pantin, en oubliant presque d'agiter la marionnette sous son nez :

On sait, m'sieur. Mais on peut pas retourner se coucher tout de suite, tu comprends, on est en mission uuultra-secrète de la plus haute importance !

Non content de tutoyer allègrement le surveillant — mais Pantin tutoye allègrement tout le monde — la marionnette a adopté un ton limite geignard, le genre de ton que Rouge-gorge n'oserait jamais emprunter, lui. En temps normal, il aurait même levé les yeux au ciel devant la théâtralité de son ami — alter ego — appelez Pantin comme vous voulez,  mais il est encore trop impressionné pour jouer à fond le double jeu. Mais comme il faut bien que l'un d'eux soit honnête, il explique calmement :

En fait on cherche quelqu'un.

Il essaye d'ignorer le frisson désagréable qui descend sur sa nuque à l'envers comme un insecte dégoûtant, comme si les yeux de la Maison étaient rivés sur lui dans un avertissement silencieux. Fais attention à ce que tu vas dire. Fais bien attention à ce que tu vas dire, garçon. Pantin s'étrangle, outré :

Roh, le boulet ! Tu peux pas parler de la mission si elle est secrète ! Toi aussi, tu cherche quelqu'un ?

Il ajoute immédiatement ça comme pour détourner l'attention sur le placard, mais Rouge-gorge sait très bien qu'on ne se mêle pas des choses qui ne nous regarde pas. Surtout avec les adultes. Ou la Maison. Il y a des tas de gens sur sa liste de "on ne se mêle pas". Et puis si Os cherchait quelqu'un dans le placard, ce serait un très petit quelqu'un. Rouge-gorge essaye de ne pas penser à l'autre possibilité. La possibilité qui est ironiquement, atrocement, plus réaliste. L'autre côté. Ca amusera davantage Pantin d'imaginer un Schtroumpf dans le placard. Rouge-gorge est doué pour s'écraser, et aussi pour écraser la vérité.

Pardon, s'excuse le Loir en baissant légèrement la tête.
Ah, merci !
Je ne te parlais pas à toi.

Il se redresse, avec la marionnette dans une main, et ils échangent entre eux un regard perplexe. Rouge-gorge se demande s'il essaye de faire fuir le surveillant avec ses singeries ou s'il tente carrément de se faire renvoyer au lit avec un coup de pied aux fesses. Pantin est toujours aussi fatigué du coup le coup de pied lui dit bien, mais si on peut se marrer un bon coup dans l'opération il dit pas non.
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Mar 7 Nov - 23:56
T’avais bien entendu essayé de repérer des mouvements de lèvres qui trahiraient son talent, mais le loir avait tout le temps la tête baissée, et toi t’avais toujours eu les jambes trop longues.

J'cherchais un sandwich.

Rouge-gorge avait lancé un bref regard à la porte que tu venais de clore, et tu t’es sentit obligé de lui expliquer le pourquoi du comment tu pensais trouver un sandwich dans un placard à balais. Et t’aurais pu lui mentir, Carmen, t’aurais pu lui dire que tu pensais que c’était les cuisines, que t’avais oublié comment c’était ici, depuis le temps.

Et il aurait su que c’était un mensonge.

Car c’est impossible d’oublier la Rouge et ses courbes ; la Maison nous marque au feu rouge, la Maison nous donne notre tout premier tatouage. C’est une plaie que tu n’as d’ailleurs toujours pas réussi à retranscrire au noir sur ta chair.

T’aurais pu lui mentir, mais ça ne t’aurait pas trop ressemblé. Alors tu ne dis rien. Car, comme presque toujours, quand tu ne parles pas c’est quand ton honnêteté risque de faire plus de mal que de bien.

Heureusement pour toi, il n’avait pas insisté. Tu avais gardé les yeux fixés sur le spectacle que t’offrait le môme, en te passant distraitement le pouce contre le côté piquant du piercing à ton nez. Tu avais même laissé échapper une expiration nasale sans t’arrêter de le regarder – ce qui se rapproche le plus d’un rire dans ton cas.

Il y avait même un sourire caché, sous l’écharpe dans laquelle tu étais engoncé. Car oui, Décembre et sa tenue hiémale approche à grand coup de talons contre le macadam ; et c’est dans ces moments frileux d’ailleurs, que tu regrettes d’avoir le crâne rasé. Ou que tu regrettes avoir eu la flemme de prendre un bonnet avec toi. Mais c’est des moments très brefs. Pour toi, les regrets c’est comme les coups d’un soir auquel tu ne te rappelleras jamais du nom le lendemain ; ouais, ça résume à peu près bien ta relation avec les regrets. Bref, Décembre approche, et minuit aussi – un frisson fait dresser les poils de ta nuque, et tu n’es pas sûr que ce soit le froid cette fois.

Tu ne pouvais bien entendu pas le laisser voguer à ses loisirs à une heure où la rouge est capricieuse. Encore plus si c’est à la recherche d’une personne disparue.

La main qui titillait ton piercing jusqu’à maintenant tombe, abaissant un peu l’écharpe dans le même mouvement. Ta voix parue plus claire :

Voilà ce qu’on va faire.

Et tu relèves la tête pour scruter les couloirs déserts un instant, avant de revenir au loir.

Au lieu de t’envoyer au lit, je t’accompagne pour la recherche de cette personne. Mais si on ne la retrouve pas d’ici une demi-heure… tu me laisseras m’en charger seul.

Regard appuyé et ton qui ne laisse le choix à la négociation, bien qu’il eût gardé sa placidité ; suivi d’un grognement de ventre qui casse peut-être un peu son effet.

... mais on passe par les cuisines avant.



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