Là où gambadent ceux qui le peuvent et où roulent en cahotant les autres. La Cour est en friche, fréquentée à toute heure et par tous les temps par une faune éclectique. On y organise parfois spontanément des évènements sportifs ou des jeux en plein air qui ont tendance à disperser leurs participants jusque dans la forêt. Elle est encore suffisamment proche de la Maison, stagnant dans son haleine, pour que les élèves s'y sentent comme entourés de ses murs, couvés par son ombre carmine, malgré le regain d'espace qu'elle offre à ceux qui l'animent.

Elle cercle la Maison, écrin bruissant de verdure. On y trouve maints chemins, tracés ou non volontairement. Aucun qui ne conduisent au dehors. Le sous-bois y est parfois trop dense pour que l'on puisse le franchir à loisir, mais des enfants s'y risquent, Rats armés pour la chasse. Poseurs de piège au milieu des épines. Prenez garde à ne pas en faire les frais, car les bois sont profonds. Et s'ils protègent la Maison, l'isolent des fureurs extérieures, en font l'œil rouge de leur cyclone feuillu... Ils sont aussi ténébreux, avides et mystérieux.

L'autre monde. Celui qui n'a pas voulu d'eux. Un monde d'adulte, avec d'autres lois, d'autres mythologies, d'autres groupes. Bien plus nombreux et belliqueux qu'ils ne le seront jamais. C'est plus encore qu'un autre pays, il s'agit là d'un autre univers, d'une dimension parallèle. Ce plan d'existence étranger et terrifiant dont ils sont tous issus, mais qu'ils n'aspirent pourtant pas à rejoindre. Là-bas, aucune place ne les attend vraiment. Seuls les adultes y voyagent à leur guise, tels des manifestations à demi-palpables fréquentant l'univers plus compact de La Maison.